«Dans une scène théâtrale, le gros marteau qui s'abat sur la tête d'un personnage fait souvent rire l'enfant au cours d'un spectacle. Mais ce qui est grave, c'est le prolongement de l'acte de violence dans sa vie quotidienne.» C'est en ces termes que les membres de la troupe de la coopérative El Fouara s'expriment dans le but de veiller à classer l'enfant dans un cadre purement pédagogique de l'expression dramatique. Le répertoire de la troupe est assez riche notamment avec ses représentations aux festivals nationaux et quelques invitations à l'étranger, afin de pallier le problème du manque de diffusion dont souffre la compagnie théâtrale qui compte à son actif 8 pièces. La politique de ses responsables a été orientée ces dernières années vers le théâtre d'enfants et pour enfants, où les adultes cèdent les planches aux plus jeunes pour s'occuper d'eux-mêmes de la représentation théâtrale. Il s'agit là des nouvelles orientations de la compagnie théâtrale en propulsant la population juvénile aux cimes de l'habileté dans l'art dramatique, «une place privilégiée», disent-ils, offerte au monde des enfants. Au projet de l'association des deux générations dans la sphère du théâtre, la compagnie y tient au point de gravir d'autres échelons dans les formes du 4e art. Le dernier en date constitue désormais une première artistique dans le domaine de l'expression dramatique dans la vie du 4e art à Sétif. Le théâtre d'ombres ou théâtre chinois, en est à son avant-première. Lamri Bedar, un membre dynamique de la troupe a été ébloui par cette technique à l'occasion de l'une de ses sorties à l'étranger. Il nous raconte à ce sujet qu'il a été «très curieux d'importer cette nouvelle forme théâtrale, encore méconnue en Algérie et de la faire jouer devant un public constitué d'enfants». Le texte a été adapté par Mourad Bencheikh, le président de la compagnie théâtrale et spécialiste du scénario, le rôle du conteur a été pris en charge par le comédien Khalef alors que la tâche de fabrication des marionnettes et leur mouvement derrière le drap blanc de la scène a été cédée à Lamri Bedar, l'initiateur du projet, un rôle joué d'ailleurs avec brio. «Par manque de disponibilité, j'ai été contraint de confectionner les petits personnages en carton moi-même», explique-t-il. La pièce a été montée au bout de 5 mois, nous explique Mourad Bencheikh, ce qui constitue selon lui un record au vu du temps d'adaptation du scénario et des heures de répétition. Il s'agit d'une histoire dramatique qui marque une symbiose entre l'être humain, l'animal et la nature. Le personnage principal, l'enfant, part à la recherche d'une pomme pour son père souffrant, mais en cours de route commencent les péripéties par la rencontre avec le chien, le chat et l'âne mais où aussi l'arbre a un rôle à jouer dans l'histoire en participant au dialogue. L'expérience est saisissante, car la pièce qui dure près d'une heure commence déjà à attirer les enfants de la cité aux heures des répétitions. Pour les responsables de la coopérative El Fouara, l'avant-première a été programmée sur les lieux même des répétitions avant son passage au théâtre municipal de la ville de Sétif. Les membres de la troupe nous expliquent que «les enfants de la cité méritent bien ce privilège d'accueillir pour la première fois un spectacle qui est avant tout le leur de par leur présence et leur intérêt remarquable». Mais pour le grand public, le rendez-vous est pris au théâtre municipal plus tard.