Le public du Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou (TRKY) a eu, mercredi dernier, dans la soirée, comme tout au long de la quinzaine de journées passées du Ramadhan, le plaisir de suivre la pièce Hamlet. Hamlet est une tragédie théâtrale de William Shakespeare, relatant l'histoire de ce prince du Danemark du XVIe-XVIIe siècle, adaptée aux temps nouveaux par le Théâtre régional d'El Eulma (wilaya de Sétif), en présence de la dramaturge Fouzia Aït El Hadj. Dans son esprit, Rabïe Guechi, le réalisateur de ce chef-d'œuvre, ne voulait certainement pas plonger le spectateur dans les abysses des siècles précédents et narrer des drames de pouvoir, d'amour et autres litiges divers se déroulant en ces époques dans d'autres pays d'Europe, plus que dans ceux de notre continent, l'Afrique, mais, en apparence, pour convaincre quant aux similitudes existantes dans tous les systèmes se succédant au règne dans chaque pays et se reproduisant même présentement. Yasmina Abdelmoumene (la reine ou la Gertrude, mère de Hamlet, personnage de la célèbre pièce de Shakespeare), Toufik Mezaâche (personnage du roi du Danemark), ainsi que d'autres fins comédiens de la troupe du Théâtre régional d'El Eulma (TREE), ont réussi à retenir le souffle, agréablement, pour leur public de Tizi Ouzou pendant une bonne heure et demie, grâce à leur savoir-faire artistique indéniable. Ils sont 20 comédiens de l'équipe du TREE à apporter, chacun dans son rôle, une pierre pour la réalisation réussie de cette mémorable pièce. Il s'agit de Rabïe Guechi, Ahmed Belkerfa, Hacene Laâmamra, Abdelaziz Chentouf, Aïssa Chouat, Toufik Mezaâche, Yasmina Abdelmoumene, Sehil Boukhadra, Messaoud Djenba, Abdelwahab Redouane, Mustapha Amrane, Mebarka El Khamsa, Amine Zerkane, Toufik Rabah, Sofiane Fatmi, Tarek Arrab, Mokhtar Hocine, Bellal Sabri, Sehil Chebli et Abdeslam Mekhlouf. La magie, les cannes traditionnelles, les fleurets à pointe empoisonnée, le vin, l'arsenic, les coups bas, l'amour, les fourberies et la folie sont les éléments ayant étoffé la pièce montrant la fragilité d'alors du royaume danois, présenté sur scène avec un décor vacillant et incertain, symbolisé par des châteaux de caisses en plastique que l'on ne rencontre que dans des docks de limonaderies, à en jalouser les hangars de Hamoud Boualem. Une façon de dire, par le metteur en scène de ce chef-d'œuvre shakespearien, que ce royaume, qui peut être adapté aux temps présents, de chez nous ou d'ailleurs, est du pur «théâtre dans le théâtre». En dépit de la «grandeur» qu'attribue l'imaginaire populaire au mode organisationnel de ces «sommets» royaux, la réalité finit toujours par mettre en évidence la vie d'anarchie qui y règne, souvent digne des braderies des souks. Autrement dit, le mode de vie d'une société ne diffère pas vraiment de celui de ses gouvernants. Il se caractérise plutôt par une «lutte» permanente de cette dernière pour atteindre le niveau d'opulence des gens du sommet, et une autre, dans l'inverse, pour freiner les quêtes des gouvernés en vue de les maintenir toujours dans leur statu quo. En tout état de cause, pendant ce Ramadhan, le théâtre Kateb Yacine, comme la maison de la culture Mouloud Mammeri, tentent tant bien que mal de satisfaire leur public avec de riches programmes dans le 4e art, comme en galas artistiques, auxquels répondent des troupes et des artistes de renom, issus de la région ou hors de la wilaya de Tizi Ouzou. Et ce n'est qu'à travers ces programmes que d'aucuns reconnaissent des vertus de «bienfaits» au mois sacré de Ramadhan. Des hommages, faut-il l'avouer, sont, par ailleurs, à rendre dans ce contexte aux jeunes, filles et garçons, animateurs en communication au sein de ces structures culturelles, à l'image de Ferrudja du TR Kateb Yacine ou de Sonia de la maison de la culture.