Le PDG de Sonelgaz plaide pour la révision du plan national d'électricité, induit par le changement du mode de consommation électrique. Il a tenté ensuite de faire valoir ses arguments : il dédouane le holding Sonelgaz Confrontés à des coupures d'électricité intempestives et au délestage depuis le début de l'été, des citoyens dans de nombreuses localités investissent la voie publique pour crier leur détresse en ces temps caniculaires. Invité hier au forum du quotidien Liberté, Noureddine Boutarfa, PDG du groupe Sonelgaz, a tenté de faire valoir ses arguments. D'abord, il dédouane le holding Sonelgaz de toute responsabilité. «La loi sur l'électricité et le gaz promulguée en 2002 a permis la restructuration du secteur. Les prévisions sur la demande ne sont pas du ressort de l'entreprise, mais plutôt de l'Etat. La réalisation, le contrôle et l'évaluation du service public ne sont pas du ressort de l'entreprise, mais plutôt de la CREG. Il est vrai que j'ai des connaissances, mais cela ne veut pas dire en avoir des responsabilités. Chaque filiale du holding a ses propres responsabilités», a-t-il expliqué, affirmant que Sonelgaz est chargé du contrôle du portefeuille des 36 filiales autonomes. Il n'a pas apprécié les critiques émises par la presse qui, selon ses dires, se «trompe» en imputant cette situation faite de coupures et de délestage à Sonelgaz. «On ne se laissera pas faire et chacun prendra ses responsabilités», menace-t-il. Une fois sa mise au point terminée, M. Boutarfa évoque une forte évolution de la consommation électrique de l'ordre de 14% en 2011, contre 4% en 2002. A en croire ce responsable, le recours massif à la climatisation, en ces temps de grandes chaleurs, a porté la consommation à des pics record. Selon lui, pour 500 000 climatiseurs installés, c'est l'équivalent de 1000 MW, soit une fois et demie la consommation d'Alger. Toutefois, dénonce-t-il, «huit climatiseurs sur 10 fonctionnent de manière frauduleuse. La fraude se fait en amont du compteur lors de l'installation. Par conséquent, la consommation à usage domestique a augmenté de 15 à 20%», développe le PDG de Sonelgaz, rappelant que la «consommation à usage domestique est de 60%, alors qu'elle est de 30% ailleurs». L'orateur est convaincu que tant que le prix de l'électricité, actuellement administré par l'Etat, demeure «dérisoire», le «gaspillage» de cette énergie continuera. «Plus le prix (de l'électricité, ndlr) est cher, j'en consomme moins. Les sociétés de distribution ont déjà demandé la révision des prix. On ne peut pas continuer comme ça», s'exclame M. Boutarfa. La réalisation des programmes de développement du transport et de la distribution de l'électricité est fortement freinée par les problèmes d'opposition par des particuliers, avance-t-il. Du coup, 40% du programme de développement des réseaux de distribution est en souffrance, et seulement deux tiers du plan des réseaux de transport ont été réalisés. En outre, il avance un autre casse-tête, celui du foncier de plus en plus inaccessible. Dans la capitale, sur 16 terrains identifiés, la Société de distribution de l'électricité et du gaz d'Alger n'a pu obtenir que 3 lots, dira-t-il à titre d'exemple, en dénonçant «la bureaucratie» administrative et un environnement «hostile». Il s'est refusé, toutefois, de jeter la pierre à d'autres départements ministériels. «Depuis deux ans, nous sommes face à une situation imprévue. Chacun doit jouer son rôle», s'est-il contenté de dire. Le délestage maintenu au Sud-Est La région du sud-est du pays a connu des «délestages» d'électricité, selon les aveux de M. Boutarfa. «Le délestage se poursuit. Ce problème sera résolu lorsque les deux lignes M'sila-Barika et Aïn Djasser-Barika», dont la mise en service a été prévue pour cet été, «seront réalisées», indique-t-il, assurant que ces lignes buttent sur l'opposition de particuliers, «mettant en péril la sécurité de l'approvisionnement de cette région». Les wilayas qui seront fortement pénalisées par ces délestages sont Biskra, El Oued et Batna, selon lui. «Pour éviter un black-out de toute la région, l'Opérateur système a été contraint de mettre en œuvre un délestage volontaire, tournant et maîtrisé, notamment entre 13 et 17h», selon un document distribué à la presse. «On ne règle pas un problème de distribution par la production», déplore M. Boutarfa. Face à ces contraintes qui ne datent pas d'aujourd'hui, le PDG de Sonelgaz plaide pour la révision du plan national d'électricité, induit par le changement du mode de consommation électrique. A l'avenir, «nous allons agir sur la demande et la rationalisation de la consommation. Nous ferons en sorte d'apporter le moins de désagréments possible», promet-il. A l'horizon 2017, Sonelgaz compte doubler ses capacités actuelles de production, de transport et de distribution. A ce sujet, M. Boutarfa s'est interrogé sur les capacités financières et humaines de l'Algérie à conduire ce programme. La panacée, selon ses propos, serait de vendre l'électricité à son «juste prix». Interrogé, par ailleurs, sur l'indemnisation des commerçants touchés par les coupures d'électricité, l'orateur soutient que le rôle du groupe Sonelgaz consiste uniquement à confirmer ou à infirmer le jour de l'expertise qu'il y a «eu un problème d'électricité» à l'origine des pertes occasionnées aux commerçants.