La coupure électrique de mercredi soir à Bab El Oued, à Alger, n'a pas gâché la fête du chaâbi. La cinquième soirée du 7e Festival national culturel de la chanson chaâbi a eu lieu à l'espace Fadéla Dziria, à l'Institut national de musique supérieure (INSM), malgré l'obscurité environnante et l'obsession de Sonelgaz à «saboter» l'été et le Ramadhan aux Algériens ! Le gros générateur électrique de l'ENTV a sauvé la situation. Cinq concurrents du festival sont montés sur scène. Mohamed Amine Kerdjadja de Chlef a interprété avec assurance Chra'a Allah ya lahbab. Avec l'association El Fen El assil, le jeune Amine, 22 ans, a appris le jeu du piano avant de perfectionner son art à l'Institut régional d'El Hachemi Guerouabi de Chlef. Il a laissé place ensuite à Mounir Abella de Tizi Ouzou, demi-finaliste de l'édition 2011 du festival. Dans une «mrama» (mélodie) de Ya dhif el Allah, il a chanté Sala Allah ala seddik el mokhtar. «Je suis né et j'ai grandi à Aïn Benian, à Alger. J'ai de l'admiration pour tous les chouyoukh du chaâbi sans exception. J'aime écouter l'andalous aussi. Je me souviens que ma première scène était en 2001 à Tizi Ouzou. Depuis, je ne me suis pas arrêté. Je veux apprendre plus. J'ai composé quelques chansons et j'envisage d'en faire un album», nous a déclaré Mounir Abella. Mohamed Réda Rebhi de Annaba a interprété Selli ou selam ala taj leslam. «J'ai choisi cette qcida parce que le festival rend hommage au poète Sidi Lakhdar Benkhlouf», nous a-t-il affirmé. Grand fan de Amar Zahi, Mohamed Réda Rebhi est sur la scène chaâbi depuis vingt ans. Il a, depuis 1996, été membre des associations musicales Kourdia, Phénix et Edough. «J'aime la manière de chanter de Amar Zahi. Sous la brume Cela dit, je veux bien interpréter le chaâbi à ma façon. J'ai appris à jouer la guitare, puis la mandole dans mon quartier. J'ai été aidé par les amateurs du chaâbi plus âgés que moi. Ils m'ont dit que je devais me lancer», nous a-t-il déclaré. Le chanteur en herbe cherche un parolier pour préparer des chansons nouvelles. «Depuis longtemps, Annaba a été une ville du chaâbi en plus d'être celle du malouf après Constantine», a-t-il ajouté. Membre de l'Association cheikh Sadek Labdjaoui de Béjaïa, Nassim Thabet a, pour sa part, interprété Ya lotf Allah al khafi. Il a succédé à Abdeslam Bendifel d'Alger. Primé à plusieurs reprises, notamment au Conservatoire de Kouba, Abdeslam Bendifel a, lui, aussi chanté un mdih. En deuxième partie de soirée, réservée aux chanteurs professionnels, Djamel Ziani a interprété Ya khayrou al anam avant d'enchaîner avec Ya El Mustapha ghir aliya. Entre-temps, le courant a été rétabli et la brume marine a envahi les lieux. Didine Karoum a terminé la soirée en reprenant une qcida rarement chantée, El Hadj ghir dir mziya. «J'ai assisté à des soirées de ce festival. Les talents existent partout dans le pays. Il y a de l'avenir. Le chaâbi est sorti de La Casbah pour être partout en Algérie. C'est un style musical national. Les jeunes vont gagner en expérience en posant des questions, en jouant, en faisant des recherches… On apprend à tout âge», nous a déclaré Didine Karoum, après son concert. L'artiste prépare un nouvel album. «Il est sur feu doux. Il sera porteur de nouveautés. J'aime bien faire découvrir des œuvres encore inconnues. Il y a de belles choses», a-t-il ajouté. Le 7e Festival national culturel de la chanson chaâbi sera clôturé ce soir avec la remise de prix aux meilleurs interprètes. Les chanteurs Kamel Aziz, Abdelhak Bourouba et Mustapha Belahcen seront les invités de la soirée.