Depuis le début de l'été, Béjaïa a enregistré 192 feux aux quatre coins de la wilaya. Le scénario est récurrent et inquiétant : les feux de forêt qui se sont déclarés avec l'arrivée de l'été restent allumés tout au long de la saison, parcourant goulûment les hectares. Les incendies continuent de ravager forêts, maquis, broussailles, arbres fruitiers et même ruchers à Béjaïa. Des forêts denses de la wilaya jusqu'au petit espace sauvagement herbeux du quartier, il ne se passe pas un jour où l'on n'enregistre pas un départ de feu. Au milieu de l'après-midi d'hier, au moins cinq incendies continuaient de consumer des espaces entiers du côté d'El Kseur, Tifra, Taourirt Ighil, Beni Ksila et Adekar, des localités de l'ouest de la wilaya qui ont pourtant en commun, outre leur situation géographique, la présence de militaires, mais aussi celle plus ou moins vérifiée de groupes terroristes. Si pour certains habitants de la région, le parallèle est vite fait entre ces incendies et les activités militaires et terroristes dans cette zone, d'autres se retiennent de faire cette conclusion. Du côté des autorités, on se limite au constat de désolation, pointant du doigt parfois «la main de l'homme». Mais le feu ne prend pas que dans cette partie du territoire de la wilaya. Parmi les 21 foyers enregistrés ces trois derniers jours (de jeudi à hier), le feu a pris aussi à Tichy, Amizour, Timezrit, M'cisna et Taskeriout. 246 hectares, entre forêts, maquis, arbres fruitiers, ont brûlé pendant ce court espace de temps. Depuis le début de l'été, Béjaïa a enregistré 192 feux aux quatre coins de la wilaya. Le bilan des dégâts est lourd, désastreux : 2590 ha, dont plus des deux tiers de forêt, ont été dévorés par les flammes. L'été étant encore long, ces chiffres en inquiètent plus d'un. Pendant la même période en 2011, quelque 1800 ha avaient déjà été ravagés par le feu. A fin août 2010, la Conservation des forêts avait compté près de 160 foyers ayant ravagé quelque 2200 ha, dont plus de 800 ha de forêt, soit un bilan qui a surclassé celui de 2009 où 1850 ha avaient été ravagés par le feu. Cette année, on tend à comptabiliser un triste record. Pouvoirs publics appelant à la prévention et population impuissante se montrent désolés face à tant d'espaces sinistrés. Mais à ce jour, on n'a mis la main sur aucun supposé pyromane et encore moins présenté à la justice un quelconque suspect. Si la canicule peut être pour quelque chose dans ces départs de feu, il ne subsiste aucun doute sur l'origine criminelle de leur majorité. «A ce rythme, il ne restera rien de nos forêts», alerte M. Mahmoudi, le conservateur des forêts de Béjaïa. Les efforts des pompiers – aidés par la colonne mobile stationnant chaque été à l'unité principale de la Protection civile du chef-lieu de wilaya – pour circonscrire ces incendies butent souvent sur la difficulté d'accéder à certaines zones. Des obstacles qu'il faut aussi conjuguer au manque de moyens dont a besoin une wilaya comme Béjaïa.