Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) fait toujours preuve de son attachement à l'indépendance des médias et à l'assainissement du secteur de l'information. Sa présidente, Néjiba Hamrouni, a déjà livré de telles batailles sous le régime déchu de Ben Ali. Elle faisait partie du bureau du SNJT contre lequel l'ancien régime avait fait un putsch en août 2009. Elle livre son évaluation de l'état des lieux. - Le gouvernement vous accuse de défendre les symboles du régime déchu comme Sami Fehri. Comment réagissez-vous à de telles accusations ?
Le gouvernement cherche à détourner l'opinion publique de la véritable bataille d'assainissement du secteur des médias par plusieurs manœuvres, dont l'arrestation de Sami Fehri. Le SNJT défend dans l'absolu la liberté de la presse et la reddition des comptes dans les dossiers de corruption. Nous sommes les premiers à avoir appelé à l'ouverture des dossiers de l'Agence tunisienne de communication extérieure et à dévoiler les listes des corrompus. Or, le gouvernement a refusé. Aujourd'hui, il pratique une politique de deux poids, deux mesures, dans une logique de justice transactionnelle.
- Soupçonnez-vous s un règlement de comptes politique derrière cette arrestation ?
Les interrogations sont légitimes sur le timing de cette arrestation. De l'avis de tous les observateurs, «Les guignols» de la chaîne Ettounisiya ont dérangé le pouvoir en place, dont les membres ont parlé à plusieurs reprises du besoin de limiter la liberté de la presse pour préserver la dignité de l'Etat. Le syndicat a été le premier à dénoncer l'arrêt des «guignols politiques» sous la pression du pouvoir politique, alors que les membres du gouvernement ont essayé de montrer cet arrêt comme émanent du producteur, soit Sami Fehri. Donc, avec la limitation de la détention à Sami Fehri, alors que les autres inculpés restent libres, ce timing très proche du différend sur les «guignols politiques», en plus des vices de procédure, dont tout le monde parle, je pense que c'est la liberté d'expression qui est visée. Il n'empêche que j'affirme que le SNJT soutient la justice pour une reddition rigoureuse des comptes dans tous les dossiers de corruption, y compris celui de la publicité à la télévision, où est impliqué Sami Fehri.
- Comment envisagez-vous de poursuivre votre lutte ?
Tous les moyens sont à envisager pour parvenir à l'assainissement du secteur, y compris la grève. A travers les dernières nominations dans les médias publics, il est clair que le gouvernement préfère l'allégeance à l'honnêteté. Mais ce qui importe le plus pour nous, c'est l'indépendance de la ligne de rédaction des médias publics qui ne sont pas des médias qui défendent la ligne du gouvernement. La révolution a coupé avec cette allégeance et les journalistes ne sont pas près de faire marche arrière.