L'organisation terroriste de Abdelmalek Droukdel a subi un véritable coup de boutoir entre mercredi et jeudi dans la wilaya de Boumerdès. L'assaut final a été donné jeudi à l'aube après la localisation du groupe terroriste au fond d'un ravin au pied des monts de Djerrah (Bouira). Dix de ses éléments ont été éliminés par les forces de l'ANP, un à Bordj Menaïel et neuf autres au cours du ratissage enclenché dans les maquis surplombant la localité d'Ammal, à l'extrême sud de Boumerdès, a-t-on appris de sources sécuritaires locales. L'offensive militaire, menée depuis lundi dernier sur les hauteurs de cette localité rurale, s'est soldée également par la capture d'un terroriste et la récupération d'un important lot d'armes et deux panneaux solaires, des équipements jamais découverts dans les maquis depuis l'avènement de l'islamisme armé en Algérie. Dans un communiqué rendu public jeudi, le ministère de la Défense nationale a fait état de neuf terroristes abattus dans les massifs forestiers de Djerrah et la récupération de cinq kalachnikovs, trois fusils semi-automatiques, deux fusils à pompe, deux panneaux solaires, une paire de jumelles à vision nocturne, une quantité de munitions et divers autres effets. Les corps des terroristes éliminés ont été transférés par la Gendarmerie nationale vers la morgue de l'hôpital de Thenia pour identification. Pour le moment, il n'y a que le terroriste neutralisé à Aïn El Hamra (Bordj Menaïel) qui a été identifié, a-t-on indiqué. Il s'agit, selon nos informations, du dénommé Tadjer Youcef, âgé de 19 ans et originaire de Legata. Il avait rejoint les groupes armés au début de 2011, après l'élimination d'un de ses frères qui faisait partie des effectifs de la sériat terroriste locale, a-t-on appris. Les neuf autres sont toujours en cours d'identification. Quand le renseignement va… Certaines sources indiquent que la plupart de ces éléments, âgés de 25 à 30 ans, seraient originaires des localités de Zemmouri, Legata et Si Mustapha. Ils ont été mis hors d'état de nuire dans les denses maquis de Djerrah, à la limite avec la wilaya de Bouira. Ils étaient, selon des sources locales, encerclés depuis la matinée de mercredi par les forces de l'ANP. L'opération de ratissage ayant abouti à leur neutralisation a été menée quelques jours après l'arrestation, près du village Aït Lmou, d'un de leurs acolytes. Ce dernier, G. Ali, natif de Boudouaou, a fourni, d'après nos sources, de précieuses informations sur les lieux de retranchement et les mouvements de ses compagnons. Des renseignements qui ont poussé les forces combinées de sécurité à boucler toute la zone avant de procéder à des bombardements sur des endroits jamais ratissés jusque-là. Les maquis de la région sont connus pour être l'une des zones de repli par excellence des éléments sévissant sous la bannière de katibet El Arkam de l'ex-GSPC. Le redéploiement des unités de l'armée a été appuyé par les forces héliportées durant la journée de mercredi. L'assaut final a été donné, jeudi à l'aube, après la localisation du groupe au fond d'un ravin au pied des monts de Djerrah. Un village fantôme déserté complètement par les siens depuis plusieurs années en raison des péripéties de la vie et du diktat des terroristes. Certains affirment que le coup de filet d'avant-hier a été rendu possible grâce aux renseignements livrés par des villageois originaires de la localité. Ces derniers, partis il y a une semaine visiter leurs champs et leurs anciennes demeures, ont été surpris par des individus qui les ont sommés de rebrousser chemin. Mais les paisibles villageois, dont la plupart avaient pris les armes pour combattre l'hydre islamiste, n'ont pas hésité un instant pour alerter les forces de sécurité de ce qui leur est arrivé. C'est ainsi qu'a été lancée la filature des sbires de Abdelmalek Droukdel qui ont semé la terreur et la désolation dans les villes et les forêts paradisiaques des alentours depuis deux décennies. Des panneaux solaires dans les maquis ! Le coup de boutoir de jeudi a permis de découvrir pour la première fois que les groupes armés utilisaient parfois des panneaux solaires pour s'alimenter en énergie électrique. Ces équipements, non encore disponibles sur le marché algérien, leur servaient surtout pour charger leurs téléphones mobiles, leurs micro-ordinateurs et fabriquer des bombes pour perpétrer des attentats. Le recours à ce type d'énergie se fait, selon toute vraisemblance, dans le cas d'absence ou d'éloignement du réseau électrique de leurs tanières. Il est utile de rappeler que l'opération de ratissage ayant abouti à l'élimination de neuf terroristes, le 20 février dernier, sur les hauteurs de Beni Amrane a été enclenchée après la découverte d'un fil électrique alimentant une casemate à partir d'une ligne de haute tension. Les branchements illicites de courant électrique, donc, n'est pas l'apanage de simples citoyens uniquement. Sur un autre volet, certaines sources au fait de la situation sécuritaire soutiennent que ce coup de filet ne sera pas sans conséquences sur l'activisme de l'organisation de Droukdel au niveau local. L'engagement sans faille des forces de l'ANP a permis déjà la neutralisation de 42 terroristes dans la région, dont une dizaine d'émirs, depuis janvier dernier. Les capacités de nuisance de l'ex-GSPC, estiment les mêmes sources, ont été largement affaiblies par la perte de ses vétérans et les luttes intestines minent les rangs de cette organisation à cause des problèmes de leadership ainsi que le partage des fortunes générées par les kidnappings. Ces conflits internes sont aggravés par la multiplication des redditions qui ont souvent été suivies du démantèlement des réseaux de soutien, comme ce fut le cas fin mai dernier dans la localité de Bordj Menaïel. Il y a un mois, le président de la cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Me Merouane Azzi, a indiqué que 25 terroristes avaient déposé les armes à l'échelle nationale au cours du 1er semestre de l'année 2012. Aujourd'hui, d'aucuns s'interrogent sur le nombre de terroristes qui rôdent encore dans la région. Un chiffre qui s'est érigé en un véritable secret que même les autorités concernées refusent d'avancer. Contrairement à son prédécesseur qui avait évalué leur nombre à 300 en 2009, l'actuel ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales ne s'est toujours pas prononcé sur ce sujet qui intéresse de près les Algériens.