La jeunesse et la politique ont été le thème d'un sondage d'opinion initié par l'association Rassemblement action jeunesse (RAJ) avec le soutien méthodologique d'Ecotechnics. Sans se désintéresser de la politique, qu'ils suivent d'un œil averti, les Algériens de 18 à 35 ans n'en abhorrent pas moins les élections qui n'apportent, selon une bonne partie d'entre eux, aucun changement. Le constat se confirme. Les jeunes Algériens ne votent pas. Ils ne font pas confiance aux partis politiques et ils n'attendent rien du Parlement et des députés. Ce sont les conclusions d'un sondage sur les jeunes et la politique réalisé à l'occasion des législatives du 10 mai dernier par l'association Rassemblement action jeunesse (RAJ) avec l'aide de l'institut Ecotechnics. Les résultats de cette étude, qui a concerné un échantillon représentatif de 1200 jeunes venus d'une trentaine de wilayas, devront amener la classe politique nationale à revoir toute sa stratégie. Les leaders politiques et les responsables du pouvoir ont ainsi la preuve que les discours vides sur la jeunesse ne sont plus porteurs. Et pour cause, la frange la plus importante de la société ne croit plus à un changement qui viendrait par la politique et des politiques. Ce qui est déjà alarmant, d'autant plus que la marge d'erreur de ce sondage, selon Saïd Ighilahriz, directeur d'Ecotechnics qui avait réalisé une étude sur les législatives (étude publiée par El Watan), n'est que de 2 à 3%. En effet, les résultats rendus publics lors d'une conférence de presse, animée hier à Alger, constituent une véritable douche froide pour les députés qui viennent juste d'entamer leur travail à l'APN. Les jeunes, selon le document du RAJ, ne leur font pas confiance. «39% des jeunes sondés n'attendent rien du Parlement, 31% en attendent l'amélioration des conditions de vie, 12% la résolution du problème du chômage, le changement ou l'accomplissement des promesses des députés, 4% l'accomplissement des promesses des députés et 4% ne savent pas», relève l'étude. Le bilan de l'Assemblée précédente n'a pas été également à la hauteur des attentes. «53% des jeunes pensent que le bilan de la précédente Assemblée est très peu satisfaisant, 19% pensent qu'il est (le bilan) peu satisfaisant, 8% le jugent satisfaisant et 20% ne savent pas», expliquent ceux qui ont réalisé le rapport. En revanche, les jeunes se disent conscients de l'utilité du Parlement en tant qu'institution. Effectivement, 20% des sondés pensent qu'il est très utile pour le pays et la société, et 40% estiment qu'il est utile. Seuls 16% affirment le contraire. 10% d'entre eux n'arrivent pas à avoir une position en déclarant que le Parlement «n'est ni utile ni inutile» et 14% n'ont pas d'opinion. Les partis doivent faire des efforts supplémentaires Les jeunes n'ont pas également une bonne image des partis. La majorité d'entre eux (58,3%) ont «une vision négative ou très négative des formations politiques», contre seulement 17,8% des jeunes qui estiment qu'elles sont très positives ou positives. Ce constat fait penser au président du RAJ que le «pouvoir algérien a pu installer un climat de non-confiance entre le gouvernant et le gouverné». S'agissant du comportement des jeunes lors des dernières législatives, le sondage révèle que 38,9% des jeunes ont voté. Et sur cette proportion, la majorité (29%) ont opté pour le FLN, 23,8% ont glissé un bulletin nul et 6,4% ont voté pour les indépendants. Le RND et le FFS arrivent derrière avec respectivement 5,8% et 5,3%. «Selon leurs déclarations, les jeunes n'ont pas majoritairement l'habitude de voter : 36% seulement aux présidentielles, 30% aux législatives et 27% aux municipales», note le même document. Ce sondage fait ressortir aussi les raisons ayant amené les jeunes à voter ou à boycotter les joutes électorales. Ainsi 29,8% des personnes sondées disent avoir voté par devoir et parce qu'il s'agit d'un droit, 16,4% par espoir de changement, 12,9% étaient motivées par le cachet apposé sur la carte de vote, 11,4% parce qu'un membre de leur famille, un ami ou un proche était candidat aux élections, 8,2% pour répondre à l'appel du Président à participer aux législatives, 6,8% sans raison spéciale et 14,5% n'ont pas donné de motif. Les «boycotteurs» avancent pour leur part des raisons multiples. Ils parlent notamment du manque de confiance en les députés, du fait de croire que les élections n'apporteront pas de changement et du manque d'intérêt pour la politique.