Les réserves en place de gaz naturel sont plus importantes que celles de pétrole. Selon les statistiques du secrétariat de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), les réserves prouvées de gaz naturel de l'Algérie sont de 4504 milliards de mètres cubes et, au rythme d'extraction actuel, qui a baissé ces dernières années suite au recul de la demande en Europe, le ratio réserves-production est de 57,7 années. Mais d'un autre côté, les perspectives de la demande nationale en gaz naturel, qui va augmenter considérablement – avec le nouveau programme de construction de centrales électriques et les projets industriels dans les différentes filières ainsi que les projets pétrochimiques qui n'étaient pas comptabilisés par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) dans le «scénario fort» – pourraient faire augmenter nettement la consommation nationale de gaz naturel et diminuer, aussi, la durée des réserves. D'ailleurs, toutes les prévisions de la CREG ne sont plus d'actualité. La crise de l'électricité de l'été est passée par là. L'on se rappelle que les prévisions de cette même Commission pour l'année 2019 donnaient une progression annuelle de 5% de la demande nationale de gaz naturel, avec un volume de plus de 45 milliards de mètres cubes en 2019 pour le scénario moyen et 7,1% pour le scénario fort avec une demande globale de plus de 55 milliards de mètres cubes. Selon le rapport annuel de la CREG pour 2011, «la consommation de gaz du marché national a atteint 28,64 milliards de mètres cubes, en hausse d'environ 4% par rapport à l'année 2010 (27,5)».Toujours selon le même rapport, la répartition par types d'utilisation est de 12,969 milliards de mètres cubes pour les centrales électriques, 9,324 milliards pour les industries et 6,342 milliards de mètres cubes pour la distribution publique. Encore plus de gaz pour produire de l'électricité Or, avec le nouveau programme du gouvernement en matière de centrales électriques, ces prévisions seront sûrement revues. En effet, après la crise de l'électricité qui a vu le système électrique très sollicité à cause du boom de l'utilisation des climatiseurs en été, donnant lieu à un taux de croissance de la consommation de 14%, le gouvernement a décidé d'un plan d'urgence pour la période 2012-2017. La capacité à réaliser pour le réseau interconnecté sera de l'ordre de 12 000 MW pour la période 2012-2017, soit un doublement des capacités actuelles. Cet apport va entraîner une plus forte demande en gaz naturel pour Sonelgaz. L'augmentation de la consommation de gaz naturel pourrait être de 13 milliards de mètres cubes pour les centrales électriques, et ce, sans compter les centrales à gaz prévues au Sud pour une capacité de 136 MW à Tindouf, Tamanrasset, Beni Abbès et Timimoun. L'apport du programme d'énergie solaire pour la production d'électricité, qui s'étale jusqu'en 2030, ne sera que de 800 MW pour la période 2012-2017. La production d'électricité restera encore dépendante de l'utilisation du gaz naturel et les prévisions d'une demande nationale globale pourrait dépasser les 60 milliards de mètres cubes d'ici 2019. Comme pour le pétrole, là aussi la structure de la production commerciale de gaz naturel risque de connaître un bouleversement avec des quantités dédiées à la consommation nationale qui seront du même ordre que la moyenne des exportations de gaz naturel de ces dernières années. Il est difficile d'avoir une idée des effets de cette consommation sur les volumes qui seront disponibles à l'exportation et, partant, des effets sur les recettes des exportations de gaz naturel dans la mesure où des projets de développement de gisements de gaz naturel vont démarrer d'ici là. Les exportations de gaz naturel durant l'année 2011 ont rapporté un peu plus de 20 milliards de dollars. Mais ce qui est sûr, c'est que la hausse de la consommation va raccourcir la durée des réserves.