Apparemment, le destin de la cité Bouabbaz, située sur le mont Mouader qui surplombe le flanc est de Skikda, et connue pour avoir été le plus grand bidonville de la ville, n'est pas près de changer. On a certes rasé une partie des gourbis et, à leur place, on a implanté des immeubles qui désormais pataugent dans la gadoue et la décadence urbaine. La cité EPLF représente à cet effet l'exemple type de la décrépitude qui mine Skikda depuis plusieurs années déjà. Selon un rapport d'expertise présenté par l'association de la cité, les lieux donnent l'impression d'être un éternel chantier. «La majorité des avaloirs principaux et secondaires sont bouchés et claustrés sous les débris», lit-on dans ledit rapport. «Les routes sont impraticables et (la plupart) ne disposent même pas d'un réseau d'évacuation des eaux pluviales et les trottoirs sont inexistants». En plus de l'absence de toutes les commodités urbaines, la cité ne dispose ni d'espace vert ni d'aire de jeux. L'unique espace où les enfants peuvent s'adonner à leurs jeux reste des aires boueuses l'hiver et poussiéreuses l'été. Comme pour rajouter aux «sept erreurs» de la cité EPLF, tous les poteaux devant servir à l'éclairage public sont détériorés. Les quelques lampes qui tentent d'éclairer la nuit sont accrochées aux murs des immeubles, ce qui fait, selon les termes de l'expertise, qu'elles «n'arrivent même pas à éclairer l'entrée des immeubles». Plus grave encore, le rapport mentionne que quelques câbles électriques «ont été passés à travers le réseau des eaux pluviales se trouvant dans les murs de soutènement, ce qui est contraire au règle de l'urbanisme, et qui plus est, constitue un danger sur les personnes», rapporte la même expertise. L'autre danger qui guette des pans entiers de la cité est en relation avec le glissement de terrain causé essentiellement par des travaux. «Ce glissement a déjà dangereusement emporté une partie de la route et risque encore de s'aggraver», mentionne le même rapport. Les habitants se disent leurrés. «Nous estimons que nous avons été laissés à notre sort et nous demandons à ce que les responsables interviennent dans le cadre de l'amélioration urbaine ou dans n'importe quel autre programme pour nous aider. Nous avons peur que le glissement de terrain se poursuive et emporte nos maisons», conclut un membre de l'association de la cité.