Que se passe-t-il au Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier (Calpiref) de Sidi Bel Abbès ? La question mérite vraiment d'être posée après que la dernière réunion en date de cet organisme-clé pour la gestion du foncier économique, tenue mercredi dernier au siège de la wilaya, a abouti à l'annulation d'un grand nombre de décisions de concession consenties, au cours de ces dernies mois, au profit d'«investisseurs». Avant-hier, la réunion du comité restreint de validation du Clapiref, présidée par le wali, est venue confirmer lesdites décisions concernant notamment les concessions octroyées au niveau du Boulevard Ferhat Abbas, un site à forte valeur foncière et baptisé Boulevard de l'«Excellence» par les responsables locaux. Tout au long de ce Boulevard, situé sur le tracé de la rocade sud, beaucoup d'attributaires d'assiettes foncières avaient projeté de réaliser des showrooms, restaurants, centres de remise en forme et autres centres commerciaux. Le gel des attributions serait lié, selon une source officielle, au fonctionnement anachronique du Calpiref qui s'est transformé, au fil des mois, «en un outil de dépeçage du foncier public». D'ailleurs, notre source explique que le revirement brutal opéré par les responsables du Calpiref fait suite aux conclusions bien sévères émises par une commission d'enquête de haut rang dépêchée récemment à Sidi Bel Abbès. Prête-noms Cette commission avait relevé, entre autres, que plusieurs terrains ont été concédés à une seule personne, souvent par l'intermédiaire de prête-noms et ce, dans le cadre de projets ne présentant pas de valeur ajoutée réelle. Aussi, il a été constaté que des superficies consacrées aux multiples projets d'investissements ayant reçu le feu vert de l'administration, étaient surdimensionnées et ne répondaient à aucune logique économique. Confirmant l'annulation de certains projets prévus sur le Boulevard de l'«Excellence», le secrétaire général de la wilaya, M. Sadok, affirmé que «le gel de l'attribution du foncier ne vise que les dossiers dont l'utilité n'est pas forcément évidente». Selon lui, ce gel est la conséquence d'«erreurs d'appréciation» que le Calpiref «va tenter de rectifier à l'avenir en optant pour une nouvelle approche préconisant des critères plus rigoureux». Qu'à cela ne tienne, des opérateurs économiques désorientés par le mode d'attribution du Calpiref ne manquent pas de crier au scandale, soulignant l'incohérence de l'administration et son opacité. Pour ceux dont les concessions ont été frappées de nullité, il est aujourd'hui question de saisir la justice pour recouvrer ce qu'ils considèrent comme un droit «acquis légalement». Rappelons que, depuis le lancement des opérations de concession en février 2011, plus de 160 projets d'investissements avaient été validés par le Calpiref, selon un des membres de cet organisme. Ces projets validés, totalisant un investissement global de l'ordre de 70 milliards de centimes, devaient générer la création de près de 8 000 emplois directs et indirects.