L'industrie de la téléphonie mobile est menacée par la contrefaçon et le marché noir depuis quelques années en Algérie. Ces répliques de téléphones de moyenne et haut de gamme sont très populaires. Le quartier de Belfort, situé à El Harrach (Alger), est devenu, l'espace d'une dizaine d'années, la plaque tournante de la vente de ce type de téléphones. Ces contrefaçons, souvent très similaires aux produits originaux des grandes marques, comme Samsung, Sony ou Nokia, sont très recherchées par la population. Ces faux téléphones apparaissent comme une double menace. D'une part, pour les consommateurs, car leur batterie est défaillante et présente de grands risques d'explosion du fait de logiciels piratés pour la programmation. Les acheteurs se retrouvent, en fait, exposés aux risques de surchauffe ou d'explosion de la batterie et de puissance d'émissions élevées par rapport à la norme internationale (maximum 2 w pour les terminaux GSM). D'autre part, l'industrie de la téléphonie mobile perd une partie de sa part de marché. Un phénomène qui porte atteinte aussi à l'image de marque des vrais fabricants. Les copies, qui bien souvent représentent à la perfection l'original, ne reprennent que rarement les caractéristiques techniques et les aspects de sécurité des originaux. Pour juguler ce phénomène, l'ARPT exige des importateurs d'apposer sur les appareils téléphoniques le label portant la mention «agréé par l'ARPT» et la référence du certificat d'agrément avant de les introduire sur le marché algérien. Contrairement aux téléphones introduits frauduleusement en Algérie et vendus sur le marché informel, les appareils agréés par l'ARPT subissent une série de tests pour vérifier qu'ils répondent aux exigences essentielles applicables au niveau international en matière de santé et sécurité des usagers, de compatibilité électromagnétique et de bonne utilisation du spectre radio-électrique. Mais d'où viennent ces téléphones ? Selon nos informations, il y a principalement deux filons : Dubaï et l'Europe (France, Espagne), en ce qui concerne le marché parallèle en profitant des promotions ou des packs subventionnés par les opérateurs de téléphonie mobile et l'Asie (la Chine) pour les faux téléphones. Une nouvelle piste a été découverte : la Libye. «Profitant de la confusion qui règne au niveau des frontières, un importateur est en train d'inonder le marché», nous confie le représentant d'une marque en Algérie, sous couvert de l'anonymat. Le commerce que certains appellent «du cabas» reste toujours omniprésent bien qu'en nette régression. Selon certains constructeurs, les mobiles illicites représentent entre 30 et 35% du volume des ventes totales, mais ce n'est qu'une estimation. Certains vont même jusqu'à parler de 2000 téléphones portables illégaux introduits par jour sur le territoire national, sans compter les accessoires. Les services de sécurité ont serré la vis, cependant on nous déclare qu'on ne «peut pas tout contrôler au niveau des entrées aux frontières». Par exemple, à l'aéroport international Houari Boumediene d'Alger, 6 millions de passagers et près de 3 millions de tonnes de fret aérien transitent chaque année. Une prise de conscience du consommateur algérien est nécessaire, car un mobile acheté frauduleusement dans la rue ne vaut finalement pas le coup. Ce n'est pas logique qu'après de grands sacrifices pour s'offrir un portable, celui-ci tombe en panne deux semaines plus tard, sans avoir aucune possibilité de bénéficier de la garantie constructeur. Avec quelques sous de plus, les Algériens peuvent avoir un produit authentique.