La branche de Siliana de l'UGTT, principal syndicat tunisien, a annoncé hier la suspension de la grève générale dans cette ville qui a dégénéré en cinq jours de violences. «Nous avons décidé de suspendre la grève générale», a annoncé devant une foule d'une centaine de personnes, Ahmed Chefaï, du bureau exécutif du syndicat à Siliana (120 km au sud-ouest de Tunis). Il n'a toutefois pas précisé la durée de cette suspension, en attendant la mise en œuvre d'un accord négocié la veille avec le gouvernement, dominé par les islamistes du parti Ennahda. Le compromis prévoit la mise à l'écart du gouverneur, un examen accéléré par la justice du dossier de personnes emprisonnées en avril 2011, des aides pour soigner les blessés et un programme de développement dont le contenu n'a pas encore été précisé. «Le gouverneur est parti définitivement, il appartient au passé, jamais il ne remettra les pieds à Siliana», a clamé le syndicaliste sous les applaudissements de la foule. Il a ajouté qu'une délégation de l'UGTT était partie demander aux renforts des forces de l'ordre, déployées à Siliana depuis mardi, de quitter la ville, autre revendication clé des manifestants alors que cinq jours d'affrontements ont fait quelque 300 blessés. «On rejettera les excuses et on portera plainte contre ceux qui ont blessé les habitants», a encore déclaré M. Chefaï, en référence aux policiers. Les mouvements sociaux dégénérant en heurts se sont multipliés ces derniers mois en Tunisie, le gouvernement peinant à répondre, dans une conjoncture économique difficile, aux revendications des Tunisiens qui étaient à l'origine de la première des révolutions du Printemps arabe. A signaler que des marches pacifiques ont aussi eu lieu samedi à Tunis, Bizerte (nord) et Gabès (sud-est). La situation s'était néanmoins tassée hier. Ces villes ont toutes connu des troubles ces derniers mois. Pour désamorcer la crise, le président Moncef Marzouki avait appelé vendredi à la formation d'un gouvernement restreint pour empêcher une contagion de l'instabilité à d'autres régions, face à l'incapacité du cabinet à répondre aux attentes de la population. Le Premier ministre, l'islamiste Hamadi Jebali, a néanmoins préféré botter en touche. «Si cela devait se révéler bon pour la Tunisie, je n'y verrais pas d'inconvénient», s'était-il contenté de répondre..