Sous son règne, la JS Kabylie a remporté de nombreux titres, dont les trois coupes de la CAF, trois années de suite, mais aujourd'hui le président Mohand Cherif Hannachi est plus que jamais contesté, surtout que les résultats sont bien en deçà des attentes des supporters. Après pratiquement vingt ans à la tête du club, et même lorsqu'il a annoncé son départ, beaucoup ne le prennent pas au sérieux. A. Aveu. Une fois n'est pas coutume, le président Mohand Cherif Hannachi a reconnu après le début laborieux de son équipe cette saison qu'il a une part de responsabilité. Il a ainsi fait cet aveu à ses dirigeants juste après le revers de son équipe à Bel Abbès : «On a failli et on assume.» Le premier responsable kabyle a poursuivi, en précisant qu'il fallait faire une croix sur le titre. «Terminer sur le podium serait une satisfaction.» B. Belkalem. Invité par Nessma TV, lors de l'émission «3e mi-temps», le défenseur international de la JSK, Essaïd Belkalem, a déclaré qu'il y avait une pression sur les joueurs ainsi que sur le président. «La pression est plus forte que celle de la saison dernière. Le président a promis le titre, et lorsqu'on promet le titre, il y a toujours une pression sur l'équipe. Le président n'aurait pas dû faire cette promesse. On a une équipe jeune et certains joueurs n'ont pas encore d'expérience.» C. CAF. En octobre 2011, lors d'une réunion restreinte regroupant le président de la JSK et ses collaborateurs, décision a été prise de ne pas prendre part à la campagne de la Coupe de la CAF 2012. Le coût de participation et les nombreuses blessures engendrées une année auparavant avaient fini par persuader les dirigeants à renoncer à la Coupe de la CAF. D. Diffamation. Moh Cherif Hannachi a été condamné le 30 septembre dernier par le tribunal correctionnel de Tizi Ouzou à une amende de 50 000 DA et le versement de 500 000 DA de dommages et intérêts dans une affaire de diffamation qui l'opposait au P/APW de Tizi Ouzou, Mahfoud Belabbas. Ce dernier avait porté plainte suite à des accusations lancées en janvier 2012 sur la chaîne de télévision de Berbère TV. E. Eternel comeback. Au lendemain du match nul ayant sanctionné le choc de la treizième journée entre la JS Kabylie et ES Sétif (1-1), le président Moh Cherif Hannachi a annoncé sa démission après avoir été insulté par des supporters. Quelques jours après, il revient sur sa décision de partir. Le président aurait cédé aux sollicitations des joueurs et de son staff technique. Ce n'est pas la première fois que Hannachi annonce son départ et revient sur sa décision. F. Fabbro. L'Italien Enrico Fabbro est le dernier coach à avoir entraîné la JSK avant son remplacement pas Nasser Sandjak, recruté en début de saison. Le premier responsable kabyle dira : «Je considère que nous avons fait le bon choix. Avec Fabbro, la JSK va renouer avec les titres.» Onze journées après, l'Italien est démis de ses fonctions. «J'ai fauté en recrutant Fabbro à l'intersaison», a-t-il reconnu. G. Gardien de but. Malgré les qualités reconnues au gardien de but de la JSK, Malik Asselah se fait souvent rappeler à l'ordre par le président du club, comme ce fut le cas il y a quelques semaines à Saoura. Du coup, certains affirment que le club est aujourd'hui à la recherche d'un gardien pour concurrencer le n°1 du club kabyle. H. Hadj Adlane. Pressenti pour occuper le poste de manager général en début de saison, l'ancien goaledor du club kabyle pendant de longues années, Hadj Adlane, a fini par refuser l'offre. Un désaccord financier serait à l'origine de l'échec des négociations avec Hannachi. I. Iboud. Ayant fait partie de la grande équipe de la JSK dans les années 1970-80, Mouloud Iboud est un opposant farouche à Mohand Cherif Hannachi. Il accuse : «En plus d'avoir tout fait pour casser l'équipe, il a voulu effacer tout ce qui a été réalisé par le Jumbo-Jet, dont il n'a jamais fait partie. D'ailleurs, au siège du club, il n'y a même pas de photo des anciens joueurs. Cela veut tout dire.» J. Joueurs. Dès l'annonce du départ de leur président, les joueurs sont montés au créneau pour réclamer son retour, en affirmant que les mauvais résultats de cette année étaient de leur faute. K. Kabylie. Evoquant les clubs de la Kabylie, Hannachi estimait au début de saison que ces derniers devraient s'unir. En plus de la JS Kabylie et la JSM Béjaïa, le MO Béjaïa est également concerné. A ce club qui évolue en Ligue 2, où il est classé deuxième, il souhaitait l'accession. «Les trois formations ont la même cause : représenter la Kabylie. S'ils ont besoin de notre aide, la JSK reste à leur disposition.» L. Longévité. Mohand Cherif Hannachi est président de la JSK depuis 1993. Il est incontestablement le doyen des présidents de club. Sous son règne, le club a décroché trois Coupes de la CAF (2000, 2001 et 2002), quatre championnats (1995, 2004, 2006 et 2008) ainsi que deux Coupes d'Algérie (1994 et 2011). M. Miracle. Au lendemain de la sixième défaite de son équipe face à l'USMBA, qui avait coûté le poste au coach italien Enrico Fabbro, le président du club avait déclaré qu'il fallait un miracle pour que la JSK soit championne cette saison. Effectivement, avec 13 points de retard sur les deux leaders, il n'y a aujourd'hui plus rien à espérer. O. Opposition. Ayant entrepris depuis le début de l'année plusieurs démarches afin de pousser Mohand Cherif Hannachi à partir, l'opposition semble avoir échoué dans sa tentative. La commission de réflexion n'avait pas réussi à apporter une autre alternative, hormis celle du départ du président de la JSK. P. Promesse. Si aujourd'hui beaucoup accusent le boss de ne pas vouloir quitter son poste de président. Lui, il s'est toujours défendu, mais précise : «Je ne laisserai jamais le club entre les mains de n'importe qui.» Q. Quarante. C'est le chiffre des entraîneurs qui sont passés par la JSK depuis 1993, soit depuis l'arrivée à la tête du club de Mohand Cherif Hannachi. Beaucoup estiment que c'est peut-être là l'une des raisons de la crise des résultats que traverse aujourd'hui l'équipe, même s'il y a eu des titres remportés depuis le début des années 1990. R. Réconciliation. La relation entre Moh Cherif et Allik s'était détériorée en raison de la rivalité entre la JS Kabylie et l'USM Alger. Les deux hommes ne s'adressaient même plus la parole pendant plusieurs années. Il aura fallu l'intervention de l'ex-président de Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, pour que les deux présidents daignent enterrer la hache de guerre au mois de novembre 2005. S. Stade. Hannachi faisait de la construction d'un nouveau stade son cheval de bataille du temps où l'équipe jouait la Coupe de la CAF au début des années 2000, le projet n'a vu le jour que ces dernières années. Le stade, doté d'une capacité de 50 000 places, ne verra le jour que dans deux ans peut-être. Certains affirment que le président de la JSK sera bel et bien là à cette date. T. Trophée. En 2011, le président de la JSK avait fait du trophée de la Coupe d'Algérie une fixation : «Je sais bien que ce titre de la Coupe d'Algérie manquait aux supporters de la JSK qui ne l'a pas gagnée depuis 17 ans.» Ses joueurs lui ont offert cette Coupe d'Algérie face à l'USM Harrach (1-0), la deuxième sous son règne après celle remportée, en 1994, devant l'ASAïn M'lila. U. Union. Entre l'opposition qui veut débarquer Hannachi et celui-ci qui ne veut pas céder «le club au premier venu», les supporters ne savent plus à quel saint se vouer. Et dire que c'est tout le monde qui appelle à l'union sacrée de la famille de la JSK. V. Vallée de la Soummam. A une question relative à l'absence remarquée des supporters au stade du 1er Novembre de Tizi Ouzou, Hannachi répondra : «Ce sont les supporters de la vallée de la Soummam qui remplissaient le stade, mais ils n'ont pas les moyens pour se déplacer. Il leur faut prendre un taxi, acheter un sandwich et un billet d'accès aux gradins. Ils n'ont pas les moyens pour se permettre d'aller au stade. Il y a deux ans de cela, ceux qui venaient au stade se faisaient agresser.» Y. Yaoundé. C'est dans la ville camerounaise de Yaoundé que la JS Kabyle du président Hannachi avait remporté son dernier trophée africain de la Coupe de la CAF en 2002. Les Algériens avaient été battus 1 à 0 lors de ce match retour. Toutefois, les coéquipiers de Berguiga avaient déjà assuré l'essentiel à Alger après leur large succès 4 à 0. Z. Zen. Malgré la crise de la JSK, son président est resté zen, voire de marbre devant l'opposition. Interpellé lors d'une cérémonie de Maracana sur la situation que traversait le club en mai dernier, il avait répondu : «Je ne donne pas trop d'importance à tout ce qui se dit.»