L'affichage des listes des bénéficiaires des logements sociaux continue de provoquer des tensions dans de nombreuses localités de la wilaya. Comme il fallait s'y attendre, les dernières opérations d'attribution des logements socio locatifs ne se sont pas déroulées sans heurts dans la wilaya de Boumerdès. L'affichage des listes des pré-bénéficiaires a déjà été suivi par des mouvements de mécontentement dans quatre localités de la région, à savoir Boumerdès, Ouled Moussa et Bordj-Menaïel et Naciria. Comme à l'accoutumée, les commissions d'attribution n'ont pas fait preuve d'équité dans la distribution de ce type de logement destiné aux couches les plus vulnérables de la société. L'administration locale est ainsi accablée de tous les maux. Certains l'accusent d'être la première partie qui piétine les lois en vigueur, notamment le décret 08-142 du 5 du 11 mai 2008 fixant les règles d'attribution du logement socio locatif. La première vague de colère induite par cet état de fait a été enregistrée durant la semaine écoulée dans la commune du chef-lieu de la wilaya où des centaines de citoyens ont crié à l'injustice après l'affichage de la liste provisoire des attributaires des 372 logements sis au lieudit Sahel. Les manifestants estiment tous avoir été lésés par la commission d'attribution, lui reprochant d'avoir favorisé les célibataires au détriment des familles vivotant dans des conditions déplorables depuis plusieurs années. «Il y a de nombreux bénéficiaires ne sont pas dans le besoin. L'APC a été représentée dans la commission par deux fonctionnaires de la commune, dont le secrétaire général que tout le monde sait qu'il a des démêlés avec la justice. En sus de cela, la liste ne contient même pas les adresses des attributaires, ce qui ne nous permet pas de faire les recours», dénoncent certains citoyens qui ont pris d'assaut le siège de la daïra durant ces deux derniers jours après avoir tenté de saccager les portes et les vitres du rez-de-chaussée. Selon nos informations, la liste des pré-bénéficiaires a été établie durant la campagne électorale et sans la présence d'un élu de l'Assemblée sortante. Ce qui est contraire à l'article 13 du décret exécutif susmentionné. «Les logements sont achevés depuis près de deux ans. Je me demande pourquoi les services concernés ont attendu jusqu'à l'arrivée de la campagne électorale pour décider de leur distribution. Certains en ont même profité de cette occasion et ont incité des familles à voter pour X ou Y pour les aider à avoir un logement», regrette un quadragénaire, père de 5 enfants. En principe, les dates de lancement et de clôture des travaux de la commission de daïra ainsi que la consistance du programme des logements à attribuer doivent être fixés par le wali (article 8 du même décret), trois mois avant la date prévue de la fin des travaux. Mais rien n' a été fait dans ce sens. Ce genre d'anomalies a été signalé dans plusieurs autres communes de la wilaya. À Ouled Moussa, de nombreux habitants n'ayant pas trouvé leurs noms dans la liste des 213 logements ont protesté mercredi leur colère devant le siège de l'APC. «La plupart des attributaires sont des fonctionnaires de l'administration qui ne remplissent pas les critères exigés par la loi», déplore Mourad, 38 ans. La tension est montée également d'un cran dans la commune de Bordj-Menaïel juste après l'affichage de la liste des remplaçants des 163 personnes retirées de la liste des bénéficiaires des 494 logements au début juin dernier par la commission de recours de la wilaya. «La liste a été affichée mardi vers 17h puis elle a été enlevée une heure plus tard. On ne nous a même pas laissé le temps de la lire», dira un habitant de la localité, ajoutant que pas moins d'une quinzaine d'exclus ont été réintégrés dans la liste définitive. Là, l'opération d'attribution s'est faite dans l'opacité la plus totale. La commission de recours de la wilaya a mis plus d'un an pour accomplir sa mission, alors que la loi l'oblige à statuer sur les recours dans un délai d'un mois. Ces irrégularités et tant d'autres ont été relevées aussi à Naciria, où l'ont fait état du retrait à la dernière minute d'une trentaine de personnes de la liste établie en mai dernier par la commission de daïra avec des élus de l'Assemblée sortante. La liste a été affichée dans la soirée d'avant-hier alors que cela devait se faire dans les quarante huit heurs qui suivent les délibérations. Cela montre que la gestion de ce dossier ne se fait guère dans la transparence et le respect de la réglementation en vigueur. Ce qui a, d'ailleurs, accentué la crise au niveau de cette wilaya qui compte 15 000 chalets et 7220 habitations précaires. Le Premier ministre lui-même avait reconnu que «le problème du logement constitue un danger pour la stabilité du pays», eu égard au nombre d'actions de protestation qui éclatent ça et là après chaque opérations de relogement. Il est à noter enfin que d'autres opérations d'attribution auront lieu incessamment dans les localités de Khemis El Khechna (199 logements), Ouled Haddadj (140), Issers (135), Thénia (119), Tidjllabine (25), Corso (13).