Des centaines d'unités immobilières réalisées à coups de milliards et réceptionnées depuis plusieurs années, ne sont pas encore livrées. Le logement à caractère socio-locatif fait l'objet de toutes les convoitises et reste au centre de toutes les discussions dans les localités de la wilaya de Boumerdès. Les opérations de relogement prévues dans les jours à venir sont attendues de pied ferme par des milliers de citoyens, notamment ceux ayant formulé des demandes pour avoir un toit qui répond à leurs besoins. La tension a déjà atteint son paroxysme dans plusieurs localités, telles que Bordj-Menaiel, Issers, Ouled Moussa, Cap Djenet, Timezrit, Thénia, Tidjelabine, Boumerdès, etc. Là, l'affichage des listes des futurs bénéficiaires des logements réceptionnées est devenu l'unique préoccupation d'une large partie de la population. Les instructions émises par le président de la République quant à l'attribution des programmes achevés avant fin juin ont mis tout le monde en effervescence. Les autorités locales, qui ont, par le passé, brillé par leur gestion catastrophique de ce dossier, se sont engagées dans une vraie course contre la montre pour accomplir la mission. D'ailleurs, n'était la sortie du Président, aucun logement ne serait distribué. Les commissions d'attribution n'avaient rien fait pour justifier la raison de leur existence. Et pour cause, des centaines d'unités immobilières, réalisées à coups de milliards et réceptionnées depuis plusieurs années, ne sont pas encore livrées. Il en existe presque partout ; et ce n'est nullement des demandeurs nécessiteux qui manquent. La wilaya compte plus de 7220 bidonvilles, répartis sur une soixantaine de sites dont les plus importants se trouvent à Khemis El Khechna, Boudouaou EL Bahri et Bordj-Menaiel. Mais rares sont les responsables qui se soucient des difficultés auxquelles font face ceux qui y habitent. La preuve en est les retards et les blocages que connaissent les divers programmes de logements qui leur sont destinés. Les daïras des Issers et de Bordj-Menaiel comptent près de 1000 logements. Leur livraison se fait attendre depuis plus d'un semestre. Quelque 600 unités ont été squattées lors des émeutes de janvier dernier, avant d'être «libérées» grâce à l'intervention musclée des services de sécurité. Aujourd'hui, les commissions d'attribution se disent dépassées par l'ampleur du phénomène dû à l'augmentation du nombre de demandes formulées par les mal-logés. A défaut de reconnaître leur échec, les responsables locaux ne trouvent aucune gêne pour enfoncer les citoyens lambda, qui s'approchent de leurs services pour s'enquérir des suites réservées à leurs dossiers. Les exemples qui illustrent la gestion aléatoire des préoccupations de la population ont été constatés récemment dans les communes de Boumerdès, Ammal et Si Mustapha où des centaines de citoyens ont exprimé leur colère contre la liste des bénéficiaires. La transparence et le respect de la réglementation sont désormais supplantés par le favoritisme et le clientélisme. Il y a moins d'une semaine, des centaines d'habitants de la localité de Si Mustapha, ont tenté d'incendier le siège de l'APC pour dénoncer «le non respect des procédures de livraison de la part des responsables locaux». Certains d'entre eux nous ont confié que la liste a été établie sans l'aval du premier responsable de leur localité. «C'est le chef de daïra qui a fait la liste et on n'a pas compris pourquoi il n'a pas associé le P/APC. Ensuite on ne sait pas sur quelle base il a décidé de n'attribuer que 22 logements alors qu'il en a plus de 80», s'indigne un habitant au site des chalets. Ce genre d'anomalies qui jettent le discrédit sur le travail des commissions de daïra, a été signalé également à Boumerdès. Une localité qui a été le théâtre de deux actions de protestation en l'espace de 15 jours, en raison des retards mis par les services concernés pour la livraison des 800 logements réalisés au lieudit Sahel.