Les déclarations de Dioncounda Traoré, président malien par intérim, qui affirmait lundi que le Mali «n'attendra pas des mois» pour faire «la guerre contre les terroristes», n'ont pas plu à Ançar Eddine. Dans un communiqué publié hier par l'agence mauritanienne Sahara Médias, le groupe armé annonce qu'«Ançar Eddine décide de retirer l'offre de cessation des hostilités concomitamment avec les négociations menées à Ouagadougou» autour du président burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur pour l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne. Iyad Ag Ghali, le chef d'Ançar Eddine, accuse le gouvernement malien «de mépriser cette offre à laquelle il n'a jamais répondu positivement», alors que cette proposition de cessation des hostilités a été «arrachée» par des intermédiaires au terme de «rudes négociations». Le 21 décembre dernier, Ançar Eddine et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont signé, à Alger, une déclaration de partenariat dans laquelle ils s'engagent à «s'abstenir de toute action susceptible d'engendrer une situation de confrontation et toute forme d'hostilité dans la zone qu'ils contrôlent». Joint par téléphone, un responsable d'Ançar Eddine assure que la décision de son mouvement est «unilatérale» et «n'engage en rien le MNLA». «Depuis deux mois, nous faisons preuve de bonne volonté. Alger et Ouagadougou nous ont amenés à cesser les hostilités mais finalement, cela ne sert à rien, puisque Bamako continue d'appeler à une intervention militaire et a choisi de ne pas répondre à notre souhait de trouver une solution négociée.» Selon le communiqué, Bamako «mène une campagne sans précédent» et «recrute des mercenaires» pour écraser les populations du nord du Mali. Si ce revirement a pour objectif de mettre la pression sur Bamako, le MNLA, qui s'apprête à tenir son premier congrès du 7 au 9 janvier prochain à Tinzaouatine (Mali), ne partage pas les mêmes méthodes. «Les réactions d'un Etat en décomposition et d'une armée déstructurée ne doivent pas nous pousser, nous et Ançar Eddine, à remettre en question les points sur lesquels nous avons décidé de lutter ensemble, souligne Mossa Ag Attaher, chargé de communication du bureau politique du MNLA, qui tient toutefois à se démarquer de ses nouveaux partenaires. Notre mouvement reste résolument engagé à trouver une solution politique et tiendra jusqu'au bout ses engagements envers la communauté internationale, la Cédéao, Ouagadougou et Alger.»