Les nouveaux P/APC, fraîchement installés au niveau de plusieurs communes rurales enclavées de la wilaya de Aïn Defla, ont déjà commencé à annoncer les priorités qui les attendent, parfois sur fond de véritables SOS lancés en direction des services compétents. Des appels justifiés selon eux par le dénuement qui caractérise leurs municipalités. Principale préoccupation, l'emploi. Des dizaines de jeunes dont une proportion non négligeable d'universitaires sont en attente d'un emploi, alors que ceux insérés dans les dispositifs du pré-emploi angoissent à mesure que la date d'expiration de leur contrat approche, nous dit-on. Les projets d'investissements signalés, une vingtaine, rendent optimistes les responsables du secteur, mais laissent plutôt sceptiques les concernés, que la mise en service de ces dits projets, jugée trop longue, pousse à la résignation. Il y a bien eu des concours de recrutement dont ceux du secteur de l'éducation, cependant insuffisants pour résorber un chômage qui affecte à la fois des diplômés ou des jeunes exclus du système scolaire. Ces derniers arrivent chaque année en grand nombre sur le marché du travail, grossissant ainsi le lot des demandeurs d'emploi. Si, officiellement, le taux de chômage a baissé dans la wilaya, d'aucuns émettent des doutes sur les chiffres avancés. Récemment encore, un concours pour le recrutement de près de 80 agents administratifs pour le compte de la direction de l'éducation a vu l'inscription de 4000 postulants. L'épreuve orale, étalée sur deux jours, a paralysé tous les transports en commun, pris d'assaut par des candidats venus des quatre coins de la wilaya. Dans une récente déclaration, le nouveau maire d'El Mayenne, une commune relevant de la daïra de Rouina (à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla), lancera un véritable SOS au directeur de l'académie, lui demandant de penser aux jeunes chômeurs de sa commune en réservant quelques postes d'emploi lors des prochaines opérations de recrutement. L'élu ajoutera : «El Mayenne est une commune très, très pauvre, a-t-il soutenu lors de l'émission «Forum» de la radio locale. Des universitaires dont des jeunes filles sont cloîtrés à la maison, alors que ceux ayant le niveau de terminale remplissent les cafés, a-t-il déploré. Idem en ce qui concerne la commune de Djemaâ Ouled Cheikh où, selon son maire, le taux de chômage est de 90%, ajoutera le même intervenant. Récemment encore, un groupe de demandeurs d'emploi a observé un sit-in devant le siège de la municipalité de Arib (au nord du chef-lieu de wilaya) pour dénoncer, ont-ils dit, leur marginalisation par leur non-recrutement au niveau d'une entreprise relevant de l'ADE, implantée dans leur commune. A Khemis Miliana, des centaines d'ex-commerçants de l'informel s'impatientent pour reprendre leurs activités dans un cadre légal. Néanmoins, ce sont les zones éloignées du chef- lieu de wilaya, à l'image de Belaâs, Bathia et El Hassania, localités perdues sur les monts de l'Ouarsenis, qui souffrent le plus de la précarité sociale, générée par l'absence de perspectives d'emploi. Officiellement, la cause en est le manque d'assiettes foncières, ce qui plombe les investissements. Mais d'aucuns imputent également cette situation aux lenteurs des procédures nécessaires à l'aboutissement des projets retenus. Des élus et des citoyens proposent la réouverture des locaux des ex-Onaco, notamment à Djelida et El Hassania, afin de juguler le fléau du chômage. Dans ce même chapitre, signalons l'octroi récent de 53 locaux, initialement prévus pour accueillir des activités à usage professionnel dans le cadre du programme présidentiel. 370 dossiers en ce sens ont été déposés auprès des services compétents de la direction du commerce, selon Rachid Hamadi, chef de service. En attendant le bilan de la direction de l'emploi, d'ores et déjà la spéculation va bon train sur le taux réel de chômage. Aussi, le directeur par intérim a avancé récemment un taux oscillant entre 8 et 9% pour l'année 2012, en annonçant que le nombre de chômeurs enregistré pour la même période est de l'ordre de 17 000. En 2011, le taux du chômage se situait entre 10 et 10,25%. Un taux loin de refléter la réalité dans ce domaine, car de nombreux demandeurs d'emploi ne passent pas systématiquement par l'AWEM (Agence de wilaya de l'emploi), selon l'ex-directeur de l'emploi, Djelloul Saïdoun. Si l'Etat a consenti des efforts conséquents pour redynamiser le secteur de l'emploi, des experts estiment qu'il est urgent de faire disparaître les déséquilibres régionaux dans ce domaine, en appliquant une stratégie qui tienne compte des spécificités de chaque localité.