L'explosion de la criminalité et du banditisme que connaissent depuis quelque temps déjà la plupart de nos grandes villes a visiblement contraint les responsables de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) à revoir leurs méthodes de travail. L'apparition de caméras de surveillance dans les quartiers fréquentés de la capitale peut en être d'ailleurs la preuve. La décision de la police d'investir dans ce type de moyen et, plus généralement, de se mettre à l'heure des nouvelles technologies dans le but de mieux combattre le crime s'est avérée payante puisque les statistiques montrent une baisse sensible des vols et des agressions dans les endroits placés sous surveillance vidéo. Au vu, justement, de ces résultats encourageants, il ne serait pas surprenant de voir certains walis demander à la DGSN de généraliser son réseau de caméras vidéo aux villes à problèmes. A un autre niveau d'analyse, le fait de voir les responsables des services de sécurité préférer, dans certaines opérations, la machine à l'élément humain laisse supposer qu'en Algérie, la réflexion sur la sécurité commence à se sophistiquer et à « cadrer » les politiques du gouvernement. Si tel est le cas, le penchant pour le « tout-sécuritaire » ne risquerait alors pas de se retrouver en panne d'arguments dans la mesure où la plupart de nos villes deviennent, il faut le dire, infréquentables aussitôt la nuit tombée. Cela sans oublier que la société n'en a pas encore totalement fini avec le terrorisme. Les sociétés américaine et européennes - qui représentent les modèles de démocratie les plus aboutis - prouvent, en ce sens, que le souci de sécurité n'est pas une tare. Au contraire, les sociétés occidentales ont compris très tôt que la pérennité de leurs systèmes politiques dépendaient, en grande partie, de leur capacité à les protéger des velléités de remises en cause, tout en veillant à ne pas tomber dans des dérives sécuritaires et à ne pas franchir les lignes rouges de la vie privée de leurs citoyens. A ce propos, il semble que le défi aujourd'hui, pour les concepteurs de notre politique nationale de sécurité, est de parvenir à trouver ce même équilibre entre la sécurité, la vie publique et la vie privée.