102 676 affaires d'atteinte aux biens et aux personnes, de trafic de stupéfiants, de détournement, de corruption et d'immigration clandestine ont été traitées par les services de la DGSN durant cette période. Depuis quelques années, les bilans de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) se suivent et se ressemblent. Ils marquent une évolution constante de la criminalité dans notre pays. Dans son discours avant-hier devant les walis, comme en d'autres occasions d'ailleurs, le chef de l'Etat a instruit les responsables en charge de la sécurité civile de l'urgence de mettre un frein à la petite et grande délinquance, qui, selon lui, revêt la forme d'un nouveau terrorisme. “Il est impensable que nos femmes se fassent agresser dès qu'elles ont le nez dehors”, s'est élevé Abdelaziz Bouteflika scandalisé lors de son discours au Palais des nations. À ce propos, le décompte de la police fait froid dans le dos. Entre janvier et octobre de l'année en cours, 47 867 affaires d'atteinte aux personnes ont été recensées impliquant 41 921 individus. Selon la direction de la communication de la DGSN, les infractions vont de simples CBV (coups et blessures volontaires) au meurtre, en passant par les viols et les enlèvements. En 2005, 53 066 affaires de ce genre ont été comptabilisées. Elles étaient évaluées à 50 526 en 2004. Les statistiques de la DGSN en matière de criminalité englobent aussi les atteintes aux biens, le trafic de stupéfiants, les infractions économiques et financières ainsi que l'immigration clandestine. En 2004 et en 2005, 112 100 et 119 330 forfaits ont été portés à la connaissance de l'opinion publique par l'institution dirigée par Ali Tounsi. Il y a 5 ans, soit en 2001, 78 837 affaires uniquement ont été comptabilisées. L'essor du crime a contraint les services de sécurité à revoir leur politique, d'abord à travers la révision de leurs effectifs. Dans quelques années, le nombre des éléments des forces de l'ordre sera porté à 180 000, promet M. Tounsi. En outre, l'acquisition d'équipements modernes fait partie de ses priorités en vue de refréner les impulsions des délinquants en tous genres. Il en est ainsi de l'installation de caméras de télésurveillance ou encore tout dernièrement de l'achat des pistolets paralysants. Mais, il est évident que leur utilisation très restreinte limite le champ d'intervention de la police. Car il est une autre nature de crimes qui réclame un investissement plus important en hommes, dans le cadre des enquêtes en vue de démanteler les gangs et remonter les filières. Le nombre des individus arrêtés dans des affaires d'atteinte aux biens (19 422 pour 47 565 infractions) illustre l'emprise des bandes sur beaucoup d'activités délictueuses comme le vol à la roulette et les cambriolages. Le trafic de stupéfiants a conduit durant les dix premiers mois de cette année à l'interpellation de 4 981 personnes. 3 535 affaires ont été élucidées. Dans la quantité de drogue saisie, les psychotropes (250 000 comprimés) caracolent en tête d'affiche. Même les instances onusiennes ont attiré l'attention des autorités algériennes sur l'étendue préoccupante de ce trafic. Le commerce grandissant des drogues dures, comme l'héroïne et la cocaïne, est également source d'inquiétude. À cet égard, les confiscations opérées par la police en dix mois (25,3 grammes d'héroïne et 54,87 grammes de cocaïne) représentent le côté visible de l'iceberg. Les saisies de résine de cannabis durant cette période (2 297 kg) est également un leurre. Les filières d'immigration clandestine sont souvent pourvoyeuses de drogue. Dans l'ensemble, 1 162 affaires illégales d'entrée et de séjour en territoire algérien figurent dans le bilan de la police. Enfin, les infractions liées à la corruption, au détournement, au faux et usage de faux… par leur nombre, font l'effet d'une dernière touche à ce tableau noir de la criminalité. 2 548 affaires impliquant 3 422 individus ont été élucidées. Samia Lokmane