Le Front El Nosra (front de la victoire), considéré un peu comme la légion étrangère d'Al Qaîda en Irak (AQI), a, selon toute vraisemblance, décidé de faire de la Syrie son principal théâtre d'opération. Avec ses 5000 à 8000 hommes expérimentés et dispersés sur le territoire syrien, ce groupe djihadiste inflige actuellement les plus lourdes pertes aux forces du régime. A côté, les éléments de l'Armée syrienne libre (ASL) pourraient facilement passer pour des amateurs. Dernière victoire en date du Front El Nosra à propos duquel plusieurs sources soutiennent qu'il est financé par les pétromonarchies du Golfe : la prise de la base militaire de cheikh Souleimane à l'ouest d'Alep, le 10 décembre dernier. En une seule journée de novembre, le réseau américain Site de surveillance des djihadistes a recensé 45 attaques revendiquées par ce groupe radical à Damas, Deraa (sud), Hama (centre) et dans la province de Homs. De nombreux spécialistes de la Syrie estiment que grâce à cette victoire, les islamistes ont réussi à doubler l'ASL. Cette semaine encore, les islamistes radicaux du Front Al Nosra ont exécuté trois soldats à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie. «Le Front Al Nosra a exécuté trois soldats capturés dans un bâtiment des services techniques à Deir Ezzor», a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Bien que les locaux y soient majoritaires, cette organisation est composée de djihadistes de toutes nationalités. Elle a déjà revendiqué des centaines d'attaques et plusieurs dizaines d'attentats-suicide qui ont ensanglanté le pays. Deux autres groupes, pas encore dans le collimateur de Washington, accueillent aussi des étrangers : Ghouraba Al Sham (des Turcs et des moudjahidines venus d'Asie centrale) et Ahrar Al Sham, des salafistes syriens, épaulés par des Irakiens et des Libanais dont des réfugiés palestiniens. La contre-offensive de Damas Les troupes syriennes ont, quant à elles, repoussé hier une attaque rebelle sur un village proche de la ville d'Idleb (nord-ouest) où sont rassemblés ses chars, ont rapporté l'OSDH et une source militaire. «Les rebelles ont attaqué il y a plusieurs jours le village de Mastouma, point de rassemblement des chars et des troupes régulières à 7 km d'Idleb, la capitale de la province éponyme dont les rebelles tiennent une grande partie», a expliqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdelrahmane. «Après de violents combats (lundi) dans le village, les rebelles se sont retirés de Mastouma (mardi matin), dont de nombreux habitants ont fui», a-t-il ajouté. Une source militaire a, de son côté, affirmé à la presse que l'armée et les «comités populaires», des supplétifs civils de l'armée, «sont parvenus à prendre le contrôle de Mastouma», ajoutant que 20 rebelles avaient été tués lors de combats. Toujours dans la même province, les rebelles sont parvenus à abattre un hélicoptère qui se rendait à l'aéroport militaire de Taftanaz, autour duquel insurgés et soldats s'affrontent depuis des semaines, selon l'OSDH. Ailleurs dans le pays, la banlieue de Damas était de nouveau sous les bombes, tandis que des renforts continuaient d'arriver à Daraya, au sud-ouest de la capitale, comme tous les matins depuis plusieurs jours, l'armée tentant de reprendre le contrôle de cette localité depuis des semaines, selon l'OSDH.