Djmawi Africa est de retour. L'octet déjanté revient sur scène à partir de Constantine, où il a signé, samedi dernier, le début d'une tournée qui accompagne la sortie de son nouvel album. Une derdba sans excès de «gnawisme», un concert électrique, mémorable, où l'on a vu un bon groupe de scène, qui sait désormais étaler son talent avec maturité. «Cela fait longtemps que nous n'avons pas eu cette sensation, vous êtes un vrai public algérien». Ce sont les mots de Djamil, le chanteur charismatique, adressés aux jeunes venus très nombreux au Théâtre de Constantine. Des mots sincères, exprimant la gratitude du groupe à ce public qui a su donner l'énergie positive aux musiciens. Le concert, organisé par l'association Maram, démarre sur les chapeaux de roues. Le ton est donné : il n'y aura pas de répit une heure et demie durant. Les fans réclament les standards du groupe : Zawali, Lalla Aïcha, Z'men. Le groupe éclate, les musiciens s'éclatent et la salle s'enflamme. La symbiose est totale, tout le monde est debout, capitulant corps et âme au déluge de rythmes. Ska, reggae, gnawi, les mélodies des Balkans reviennent grâce à la section cuivre et violon. Des arpèges celtiques aussi. La diversité distingue la musique de Djmawi Africa. Le métissage dépasse la juxtaposition, la fusion s'affirme avec davantage de clarté dans les nouveaux titres que le public du Théâtre de Constantine découvre en exclusivité. La bande à Djamil vient de terminer l'enregistrement à Paris d'un nouvel opus de onze titres, dont la sortie est prévue vers la fin du mois de février, ou au plus tard début mars, nous confie le guitariste Abdou Ghouli. Dans la même veine que Zawali, le groupe chante H'chich et pois chiche, ou l'amour au temps des «papiches». Avancez à l'arrière, Bezef, des critiques au vitriol, humour de l'absurde, confirment l'enracinement populaire du groupe et son immersion dans la réalité algérienne. La reconnaissance aux (artistes) aînés, aussi grâce à Berani Ghrib, reprise, revue et adaptée à la sauce Djmawi du standard chaâbi, écrit par cheikh Benmsaïb. Djamil, le chanteur, un mélange de T.T d'Arby, Amazigh Kateb et Manu Chao, dévore la scène avec son charme moqueur et sa voix rockeuse. Au fond, Karim à la basse, Nazim (le frère à Karim Ziad) et Zoheïr aux percussions assurent une section rythmique rugissante. Et devant, Abdou à la guitare, Fethi au violon et kora, M'hamed à la clarinette et au saxophone, et enfin Amine à la clarinette, flûte et percussions, un pour tous et tous pour la mélodie… du bonheur. Comparativement à cette nouvelle scène musicale en gestation, Djmawi Africa prend de l'avance grâce à la bonhomie, l'improvisation et aux «t'wayech» sur scène. Une complicité qui résume tout le métier engrangé par les musiciens. Le groupe a besoin certes d'affiner ses talents pour réaliser son ambiance internationale, mais en Algérie, c'est déjà une valeur sûre.