Pour parvenir jusqu'aux camps de réfugiés de Bordj Badji Mokhtar, Tinzaouatine, Timiaouine ou d'Adrar, les civil maliens doivent sillonner plusieurs jours durant le désert aride du Sahel, faire face à la faim et à la soif, contourner les zones de combat et surtout éviter les terroristes qui les contraindraient à rebrousser chemin. Plus de 30 000 Maliens ont déjà trouvé refuge en Algérie, à en croire le ministre algérien de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui assure avoir suspendu les mesures de rapatriement à l'encontre des migrants clandestins du Mali. Le fait est que les accords bilatéraux signés par les pays deviennent inopérants dès que l'un d'entre eux est en situation de crise. Le nombre des migrants maliens fuyant leur pays devrait certainement être revu à la hausse dans les jours à venir. Si les responsables du Croissant-Rouge se montrent rassurants, affirmant à la presse que leur organisation était prête à accueillir un «maximum» de réfugiés, il est à prévoir l'arrivée d'un certain nombre de militaires blessés dans les combats. Lundi, l'ONU avait indiqué que des groupes armés occupant le nord du Mali, depuis neuf mois, s'efforçaient d'empêcher des milliers de Maliens de fuir la zone des combats pour gagner le sud du pays. «Il est à craindre que le nombre de personnes touchées s'avère plus important, étant donné que, selon certaines sources, des groupes islamistes ont empêché les gens de se déplacer vers le Sud», a indiqué le porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU, Eduardo Del Buey, lors d'un point de presse tenu quelques heures avant une réunion à huis clos au Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Mali. Dans les pays alentours, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) est en état d'alerte. Le nombre de réfugiés chassés par le conflit au Mali approche les 150 000 personnes dans les pays voisins, a indiqué hier le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), et le nombre de personnes déplacées dans le pays est proche de 230 000, a précisé le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Le HCR a enregistré 54 100 réfugiés en provenance du Mali en Mauritanie, 50 000 au Niger, 38 800 au Burkina Faso. Il a enregistré l'arrivée au Niger de 450 personnes déclarant fuir les opérations militaires les 11 et 12 janvier. Au Burkina Faso, 309 réfugiés sont arrivés ces derniers jours, et en Mauritanie 471, en majorité des femmes et des enfants. Il n'y a pas, pour l'heure, de statistiques sur les civils maliens ayant gagné dernièrement l'Algérie. Pour l'Ocha, le nombre estimé de déplacés au 14 janvier était de 229 000 personnes, soit 30 000 de plus depuis la reprise des combats. A Konna, 5000 personnes (la moitié de la population) ont fui la ville en traversant le fleuve Niger, selon la Commission sur les mouvements de population au Mali, qui admet rencontrer des difficultés à avoir des sources absolument fiables. Lors de son déplacement de trois jours au Burkina Faso, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés (HCR), António Guterres, s'est insurgé contre le fait que le problème des réfugiés maliens soit «négligé» par la communauté internationale. Il a appelé les pays donateurs à accroître leur soutien à l'opération d'aide aux réfugiés maliens. Sur l'appel de fonds de 153 millions de dollars, le HCR n'a jusqu'ici reçu que 49,9 millions de dollars. Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui distribue de la nourriture au Mali via 9 ONG, a souligné qu'il lui manque un financement de 129 millions de dollars (97 millions d'euros) pour répondre aux besoins, soit 94% des financements requis pour 2013.