Une trentaine de planches du caricaturiste Ayoub, du quotidien El Khabar, se donnent à voir, jusqu'au 31 janvier, au niveau du Club Média de la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Organisée par le Club Média, cette exposition entre dans le cadre d'une série d'hommages aux grands photographes, journalistes et caricaturistes algériens. Les cimaises sont ornées d'une série de planches au ton sarcastique et grave à la fois. Abdou Abdelkader, connu sous le pseudonyme de Ayoub, est un personnage incontournable dans la presse nationale. Il est, en effet, caricaturiste au quotidien El Khabar depuis une vingtaine d'années. Il a été le récipiendaire du prix international Omar Ouartilane 2001. Les férus de caricatures retrouvent ses dessins croustillants chaque matin en dernière page du quotidien d'expression arabe. Il a une griffe particulière et stylisée à la fois. Maître incontesté de la caricature, ce virtuose du crayon déforme parfois ses victimes jusqu'à l'extrême limite de la ressemblance, pour en retirer l'essentiel du caractère. Ses dessins ne sont autres que la résultante d'un fait au quotidien. Il scrute l'actualité avec une infime attention. Il pointe du doigt tous les thèmes, dont entre autres les valeurs ancestrales, nationales, universelles, la démocratie, le printemps arabe. La vie politique sous tous ses angles occupe une place de choix. Ayoub ne dresse aucune barrière dans son travail de réflexion. Il aborde tous les sujets sans concession aucune. Preuve en est avec les sujets tabous, à l'image de la corruption, la censure et l'islamisme. Témoin de la société A travers cette exposition de caricatures, l'œil se délecte à la vue de certaines scènes prêtant à la dérision et à la réflexion à la fois. Dans une de ses planches, une personne âgée costumée est assise dans un fauteuil en forme de trône. Confortablement assis, le sujet au regard hagard a, à la place des pieds, des racines qui se ramifient dans le sol. Dans un autre tableau, on retrouve un bonhomme debout ne sachant pas quelle direction prendre. Deux panneaux sur lesquels sont mentionnés «Etat militaire» et «Etat religieux» le déboussolent grandement. A l'occasion de la célébration de la Journée de la femme, Ayoub offre une caricature hilarante. Un barbu, vêtu d'un kamis, traîne sauvagement une femme, emmitouflée dans un djelbab. En somme, l'exposition de Ayoub permet d'apprécier le travail, les pensées, les humeurs d'un artisan de la plume qui a l'art de donner vie à ses croquis. Un détour au Club Média s'impose. Avis aux amateurs.