Kader Ayoub est l�un des pionniers du dessin de presse en Alg�rie. Aussi loin que l�on remonte dans le temps, pr�cis�ment depuis la naissance du quotidien El-Khabar, il n�a jamais rat� un rendez-vous avec ses lecteurs... Une r�gularit� de m�tronome et une fid�lit� jamais mises en doute. Fid�lit� � son journal, � ses lecteurs et surtout � ses id�es. Le dessin de presse, il est l�un des rares qui a r�ussi � en faire une carri�re et � en vivre. Tout simplement parce que ce m�tier il l�exerce avec passion, sans rien conc�der � l�opportunisme ou � la facilit�. Surtout, il fait partie des quelques vrais caricaturistes qui ont r�ussi � imposer leur art en tant que langage et forme d��criture � part enti�re. Le secret de cette long�vit�, de cette fra�cheur, est donc l�, r�sum� en deux mots : talent et professionnalisme. Depuis un peu plus de vingt ans, Ayoub donne � lire un art connect� � la r�alit�, aux r�alit�s de son peuple. La caricature comme moyen de divertissement, mais surtout de d�nonciation et de critique sociale... Ceux qui se souviennent ne peuvent oublier son courage durant la d�cennie noire, sa volont� obstin�e d�exercer sa passion quels que soient les obstacles et les sacrifices consentis. Pour un auteur malheureusement oubli� et injustement marginalis� sur la sc�ne culturelle, l�hommage qui lui est rendu aujourd�hui apporte un peu de baume au c�ur. Evidemment, cela n��mane pas d�une quelconque institution �tatique, l�initiative �tant de M�dia- Club, chez les confr�res de la presse. Il �tait temps ! Le public pourra ainsi d�couvrir avec un r�el plaisir les caricatures de Kader Ayoub au M�dia-Club, Maison de la presse Tahar-Djaout, place du 1er-Mai. L�exposition se tient jusqu�au 31 janvier et comprend une trentaine d��uvres parues dans El-Khabar durant l�ann�e 2012. Le grand public appr�ciera d�autant mieux ces caricatures pr�sent�es dans leur format r�el, c�est-�-dire beaucoup plus grand que l�espace consacr� en derni�re page du journal. Chacune est une �uvre en soi et fait partie, en m�me temps, d�un univers d�une rare coh�rence. Avec son style si particulier, Ayoub combine � loisir des th�mes vari�s, grossissant le trait, accentuant l�aspect ridicule ou d�plaisant des personnages pour mieux r�v�ler leur b�tise et leur inanit�. L�art de la satire, le genre d�humour noir dans lesquels il est pass� ma�tre. Parmi les sujets de pr�dilection qui figurent dans l�exposition : le pouvoir politique qui a pris racine (la g�rontocratie), le �printemps arabe�, la d�mocratie que les islamistes veulent habiller d�un tchador, le �syst�me� qui a tout gangren�, la corruption et autres fl�aux sociaux, la d�tresse des petites gens, le gaspillage, etc. Peut-�tre est-ce pour cela que Ayoub n�a jamais eu droit � la reconnaissance et � un hommage m�rit�s ? Car il y a cette critique impitoyable, sans concession de tous les abus et d�bordements. Et quand une tare est renvoy�e par le miroir grossissant de la caricature, l�image ne pla�t pas forc�ment � tout le monde. N�emp�che que les �uvres de Kader Ayoub devraient �tre � classer patrimoine culturel. Leur auteur, lui, est d�j� un symbole de cette libert� d�expression pour laquelle il a toujours lutt�. Comme la bougie qui �claire pour ne pas se cogner aux murs.