La coulée de boue continue sa progression pour la troisième journée. Après l'évacuation, vendredi soir, d'une vingtaine de familles à Aït Aïssa, le glissement de terrain suivi d'éboulement a gagné, hier, le chef-lieu de la commune. La situation s'aggrave dans la commune d'Ililtène, à 70 km au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou, où la panique s'est emparée des villageois. Et pour cause, le glissement de terrain continue de menacer sérieusement la région. Ainsi après l'évacuation, vendredi soir, d'une vingtaine de familles à Aït Aïssa, le phénomène a gagné, hier, le chef-lieu de la commune où les établissements scolaires ont été fermés. «La situation empire. La boue déborde de l'oued et se déverse sur la chaussée. Elle emporte tout sur son passage», lance, en guise d'un SOS, le maire de cette commune coupée du monde après l'effondrement d'un pont sur le CW253. Les citoyens commencent à quitter la région par tous les moyens pour fuir le danger, précise le même responsable, qui ajoute que les engins qui déblaient les routes essayent tant bien que mal d'éviter la poussée de la coulée de boue qui s'achemine vers le chef-lieu de la commune risquant d'être enseveli si rien n'est fait pour parer ce phénomène. La seule solution est de fuir la localité, nous dit un villageois. Selon lui, la population d'Illiltène a été surprise, hier vers 10h, par le retour impressionnant du glissement de terrain suivi d'un gigantesque éboulement. «Dans la nuit de dimanche, on croyait que tout allait rentrer dans l'ordre. Mais le lendemain matin, on a vraiment frôlé la catastrophe. Le glissement de terrain reprend dangereusement, surtout à proximité du village de Aït Aïssa où l'on constate l'élargissement inquiétant de l'oued et l'affaissement constant du terrain, qui atteint même les habitations. Si la situation reste en l'état, la coulée boueuse risque de tout emporter, même les maisons», prévient-il. La boue a débordé de l'oued et cerne les habitations. Le glissement suivi d'éboulement gagne en intensité au point de charrier des roches et autres troncs d'arbres trouvés sur son passage. La population d'Illiltène vit une véritable guerre contre la boue. «Les écoliers, les collégiens et les lycéens ont été évacués car leurs établissements ont été carrément entourés par la coulée boueuse», nous a affirmé un parent d'élève. Les travailleurs de la mairie, assistés par des jeunes de la région, travaillent sans répit pour dégager les routes, malheureusement sans résultat. Hier, le directeur de l'urbanisme et de la construction de la wilaya de Tizi Ouzou s'est rendu sur les lieux en compagnie des éléments d'un bureau d'études pour effectuer des expertises. La situation est vraiment inquiétante, d'autant que le phénomène menace sérieusement la région en cette période de pluies hivernales où les conditions de vie sont très rudes dans cette localité perchée à plus de 1500 mètres d'altitude. Mohand Akli Aouedj, architecte urbaniste chargé du nouveau PDAU de la commune, nous a confié qu'il y a une sérieuse menace sur la commune d'Illitène qui est carrément coupée en deux. La coulée ne cesse de descendre, envahissant les routes principales qui ont été fermées à la circulation. «La commune est sérieusement menacée. Donc il est nécessaire de procéder à l'évacuation des familles, car on n'est pas loin d'une autre coulée boueuse. Il y a des millions de mètres cubes de terre qui risquent de dévaler de la montagne. Cela fait vraiment peur», a-t-il fait remarquer. Deux délégations des ministères de l'Habitat et des Ressources en eau sont arrivées, hier après-midi, sur les lieux pour prendre des mesures urgentes devant ce phénomène.