Une importante quantité de boue s'est déversée, dans la nuit de jeudi à vendredi, sur une grande partie des villages Aït Aïssa Ouyahia et El Had, chef-lieu de la commune d'Illilten, à 70 km au sud-est de Tizi Ouzou. Toutes les habitations ont été évacuées en urgence ; les familles de ces deux villages ont été accueillies par des proches dans les autres villages de la localité. L'important éboulement a été causé par un glissement de terrain survenu la semaine dernière, apprend-on de sources locales. «Dans la nuit de jeudi, vers 23h, nous avons entendu une sorte d'explosion au niveau de ce glissement de terrain, en contrebas du pic d'Azrou n'Thour. En l'espace de quelques minutes, nous avons vu des quantités considérables de boue couler, emportant avec elles des roches et des arbres», nous a expliqué M. Azzoug, président de l'APC d'Illilten. La population est sur le qui-vive depuis dimanche, date du début du glissement de terrain qui a ébranlé tout un flanc de montagne. La coulée de boue, charriant des rochers, a englouti les cultures situées sur son passage. Les dégâts causés à l'agriculture semblent énormes. Des arbres centenaires, des cerisiers et des figuiers ont été ensevelis par le torrent de boue qui avance inexorablement vers la vallée. A Aït Aïssa Ouyahia, le pont qui enjambe le CW253 reliant Illilten à Béjaïa par Ichelladhen est recouvert par de la terre et des troncs d'arbres. «Nous avons installé des cellules de crise pour observer l'évolution du phénomène qui est vraiment impressionnant. Jeudi, une équipe de géologues, géophysiciens et hydrogéologues, venue d'Alger, accompagnée de représentants de la wilaya, s'est rendue jusqu'à la source de la boue. Puis après le constat de la grandeur du cratère, nous avons décidé d'évacuer les habitations menacées, car le phénomène est vraiment inquiétant», a ajouté le maire. La principale route qui dessert le chef-lieu de la commune a été obstruée par des tonnes de boue, ce qui a plongé plusieurs autres villages de la localité dans l'enclavement. «Nous essayons de mettre en place des digues pour canaliser la boue et éviter au chef-lieu d'être submergé par l'écoulement incessant de la boue», nous dit l'élu local. Jeudi dernier, nous avons essayé de nous rapprocher de ce qui peut être considéré comme «la source de boue». Un bruit impressionnant se faisait entendre sous terre. Une sorte d'explosion assourdissante a donné l'alerte aux nombreux présents, qui ont immédiatement quitté les lieux. Les élus locaux et les représentants des autorités sont sur place pour suivre l'évolution de la situation et rassurer les villageois sur leur prise en charge en cas d'aggravation du phénomène.