La «mise à mort politique» des patrons du FLN et du RND participe d'une intention affichée de préparer le terrain à une candidature surprise. Après la démission forcée du patron du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, c'était le tour, le week-end dernier, du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, de quitter les rênes de l'ex-parti unique, mais contrairement au premier qui a préféré partir sans fracas, le second a fait beaucoup de bruit en refusant le verdict du retrait de confiance prononcé par la majorité des membres du comité central (CC) réunis en session ordinaire pendant trois jours à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. Les deux chefs des deux partis du (ou au) pouvoir s'en vont, comme dans un mouvement synchronisé, en même temps. Comme sur du papier à musique ! Pour le premier, le mandat court jusqu'au prochain congrès du parti prévu en juin, pour l'autre, il s'étale jusqu'à 2015. Leur éviction en ce moment précis, avant que leur mandat n'expire, soulève beaucoup d'interrogations. Si l'on peut conclure, sans risque de se tromper, que la «décision» dénote l'urgence imposée par un agenda intimement lié à l'élection présidentielle de 2014, la question reste entière quant à la nature de cet agenda. Certains analystes évoquent la volonté de mettre hors course Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, deux candidats potentiels et préparer le terrain pour un quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Mais puisque les deux responsables politiques se sont engagé qu'ils s'abstiendraient à présenter leur candidature dans le cas où le chef de l'Etat exprimait son désir de succéder à lui-même, pourquoi alors les trouve-t-on aussi encombrants pour un «projet» auquel ils adhèrent totalement ? Dans une Algérie où la visibilité politique est entièrement brouillée par l'«antijeu démocratique», où la volonté populaire n'est qu'accessoire devant celle des tenants du pouvoir, l'énigme reste indéchiffrable. Du moins avant que l'opinion publique ne prenne connaissance des contours de la révision constitutionnelle annoncée. Cela n'empêche pas, cependant, certaines spéculations qui avancent tantôt l'impossibilité d'un quatrième mandat du président Bouteflika et que la mise à «mort politique» des patrons du FLN et du RND participe d'une intention affichée de préparer le terrain à une candidature surprise, tantôt du projet du chef de l'Etat de prolonger son règne par le biais de nouvelles dispositions constitutionnelles qui préconiseraient un mandat présidentiel de sept ans (un septennat) au lieu de cinq ans (quinquennat), actuellement. Seulement, la crise qu'a vécue ces derniers temps le FLN et la manière dont le secrétaire général déchu du parti, Abdelaziz Belkhadem, connu pour sa loyauté envers le premier magistrat du pays, grâce auquel il n'aurait pas eu le parcours qu'il a fait, pourraient, soutiennent certains observateurs, être l'expression de l'absence d'un consensus au sommet de l'Etat autour de l'élection présidentielle de 2014. Et la manière avec laquelle démarrent les débats sur la question est annonciatrice d'une année 2013 chaude et riche en événements, pas forcément constructifs pour l'avenir du pays bloqué par une gérontocratie qui refuse de passer le témoin.