Un quatrième mandat rendra-t-il service à l'Algérie ?» C'est par cette interrogation que le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) et néanmoins Premier ministre, Ahmed Ouyahia, répondait, avant-hier, lors d'une conférence de presse animée à Alger, à la question de savoir si son parti était prêt à soutenir le président Abdelaziz Bouteflika dans le cas où il se présenterait pour un quatrième mandat en 2014. La réponse d'Ahmed Ouyahia, visiblement bien préparée, est lourde de sens et ne souffre pas d'ambiguïté. Le secrétaire général du RND voulait dire, à sa manière, d'abord qu'un quatrième mandat du président de la République ne servira pas le pays, ensuite, il explique, pour justifier sa volte-face, que le troisième mandat était une exception. Le chef de l'Etat devait, selon lui, mener à terme la réconciliation nationale et les réformes politiques. C'est, semble-t-il dire, chose faite. Par cette réponse, le secrétaire général du RND ne laisse aucun doute sur la fin du parcours présidentiel de celui qui représentait au début de son premier mandat en 1999, «l'homme du consensus». Ahmed Ouyahia affirme l'exact contraire de ce que disait, il y a quelques jours, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) qui avait annoncé que Abdelaziz Bouteflika briguerait un quatrième mandat en 2014 s'il le souhaitait. A propos de sa candidature à la prochaine élection présidentielle, le Premier ministre reprend une expression qu'il a déjà utilisée, en se réservant de décliner ouvertement son intention et son ambition : c'est la rencontre de l'homme et son destin. Mais tout laisse croire que le secrétaire général du RND y pense sérieusement. Le ton, sa manière de communiquer sur la succession à la présidence de la République, donne l'air d'être soigneusement réfléchi qu'il n'y a pas l'ombre d'un doute que l'homme songe à la magistrature suprême. Ahmed Ouyahia avait dit un jour qu'il ne se présenterait jamais contre le président Bouteflika. Son discours n'est désormais plus le même. On peut dire même qu'il a beaucoup évolué. On peut résumer son intervention sur le sujet en deux phrases : Abdelaziz Bouteflika ne se portera pas candidat en 2014. Et lui, il est prêt à rencontrer son destin qui le conduirait au palais d'El Mouradia. Pour ce faire, le Premier ministre lance, d'ores et déjà, des signaux à l'adresse de certains milieux politiques. Il a invité l'Union pour la démocratie et la République (UDR) de Amara Benyounès, à rejoindre l'Alliance présidentielle «s'il est intéressé». Ahmed Ouyahia, qui entend profiter de la crise qui secoue le FLN de Abdelaziz Belkhadem, s'empresse de tisser des alliances et s'emploie surtout à faire du RND «la première force politique» à l'issue des prochaines élections législatives. Il a, en effet, l'intime conviction que la prochaine élection présidentielle se jouera en mai 2012. C'est le message que le Premier ministre a livré lors de sa conférence de presse d'avant-hier.