Lincoln, le nouveau film de Steven Spielberg (Duel, Les dents de la mer, E.T. the Extra-terrestre, Munich) est un portrait filmique se défaussant de l'effet bœuf spectaculaire hollywoodien portant sur le 16e président des Etats-Unis, Abraham Lincoln. Le tout frais émoulu film Lincoln de Steven Spielberg, présenté en exclusivité à l'ambassade des Etats-Unis à Alger, mardi soir, contre toute attente, ne ressemble guère aux blockbusters de la fabuleuse filmographie du tycoon de Hollywood. Que nenni ! Steven Spielberg, dans la même veine du La couleur pourpre ou encore Amistad, montre et démontre un biopic portant sur le 16e président des Etats-Unis. Le tout premier président républicain qui est entré dans l'histoire de l'humanité en abolissant l'esclavage des Noirs américains au plus fort de la guerre civile de Sécession (1861-1865), opposant les Etats-Unis («l'Union»), dirigés par Abraham Lincoln, et les Etats confédérés d'Amérique («la Confédération»), dirigés par Jefferson Davis et rassemblant onze Etats du Sud qui avaient fait sécession des Etats-Unis. Et ce, à son corps défendant. Car il connaîtra une fin tragique. Abraham Lincoln sera assassiné le 15 avril 1865 à Washington. Aussi, Steven Spielberg aborde, exhibe et présente Lincoln avec sobriété, simplicité et limpidité. Sans fioritures ni, sans jeu de mots, artifices. Le pitch ? Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e président des Etats-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir. Le fameux 13e Amendement Pour ce faire, Steven Spielberg a mis à contribution un «joker», le célèbre scénariste et dramaturge Tony Kushner (Munich) - Prix Pulitzer - s'étant inspiré de l'ouvrage de Doris Kearns Goodwin Team of Rivals : The Political Genius of Lincoln. Et Daniel Day-Lewis (My Beautiful Laundrette, In The Name of The Father, Gangs of New York), crevant l'écran de par une hallucinante et très crédible (ressemblance à s'y méprendre avec Abraham Lincoln. Daniel Day Lewis incarne immanquablement le rôle phare de sa carrière avec justesse et surtout avec une certaine générosité de son «character». Ainsi, cet acteur dont l'heure de gloire sonne, il est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans Lincoln, fait ressusciter un président légendaire des Etats-Unis à travers un jeu «bluffant», une démarche, une attitude, un flegme (so british), un regard… L'on découvrira, au fil des débats houleux et autres joutes oratoires belliqueuses, ségrégationnistes et anti-esclavagistes enflammant la Chambre des représentants, portant sur le 13e Amendement, abolissant l'esclavage, un Lincoln humain et humaniste, épris de liberté d'expression, visionnaire, une force tranquille, ayant de la répartie et de l'humour aussi. Et puis, un ferme stratège militaire. Et en même temps, un père vulnérable. Une véritable course contre la montre où chaque voix (le «yes») compte. Car il y va du destin des Etats-Unis ! C'est vital ! L'affranchissement des Afro-américains, l'arrêt de la guerre civile et l'effusion de sang. Les acteurs Tommy Lee Jones et James Spader ont eux aussi brillé dans ce film. Steven Spielberg, avec fluidité, évitera la scène de l'assassinat de Lincoln en recourant à des images d'annonce et subliminales. Il faut dire que le directeur de la photo, Janusz Kaminski, a su créer cet univers sombre et pittoresque dans Lincoln.