Au lendemain du mouvement de protestation spectaculaire observé, lundi dernier, à Annaba, où plus d'une vingtaine de patrons de bateaux, toutes sirènes hurlantes, ont manifesté en mer pour dénoncer l'indue occupation des quais par des navires de pêche, l'Entreprise de gestion du port de pêche (EGPP) de Annaba a déposé 35 plaintes nominatives contre des occupants illégaux du quai «Babayo» au port de la Grenouillère, avons-nous appris de sources sécuritaires. Une première dans l'histoire du port de pêche de Annaba, où depuis au moins trois ans, aucun contrevenant n'a été inquiété. Au 23e jour de grève des armateurs et patrons de pêche de Annaba, les 35 chalutiers rattachés à d'autres ports extra wilaya occupent toujours le quai Babayo, avons-nous constaté sur place. En l'absence d'une solution à ce problème qui commence à durer, le représentant du commandement de la marine de Annaba a accompagné, hier, les armateurs chez le procureur de la République à l'effet de les entendre pour dépôt de plainte officiel. «Bien que ce problème ne relève pas de notre compétence, nous avons voulu participer à le résoudre en portant assistance aux armateurs et patrons de pêche de Annaba. Il faut savoir que nous avons d'autres missions plus sensibles à accomplir, notamment d'ordre sécuritaire», nous a expliqué, hier, un haut officier des garde-côtes de Annaba. Dans un communiqué rendu public hier, les patrons et marins pêcheurs ont affirmé qu'«ils ont pris part à une réunion avec le colonel commandant de la circonscription maritime (Cirmar), le directeur de la pêche de Annaba et le commissaire de la police des frontières (PAF) où il nous a été conseillé de déposer plainte auprès du chef de la station maritime contre les 35 navires de pêche non rattachés au port de Annaba pour occupation illégale de nos postes à quai. C'est ce que nous sommes en train de faire». Jusqu'à hier, seuls deux patrons de pêche ont procédé au dépôt de plainte en attendant les 42 autres inscrits au port de pêche de Annaba, affirme le représentant des garde-côtes. Dans le même document signé par le président de la Chambre de pêche et celui de l'Association de la promotion de la pêche, il est écrit : «Nous avons demandé aux autorités une mesure conservatoire qui consiste à déplacer ces 35 indus occupants vers d'autres quais du port de commerce, en attendant la décision de la justice. Cependant, les autorités portuaires s'y opposent.» En grève depuis 23 jours, les patrons de pêche protestataires s'interrogent toujours sur le refus des indus occupants à libérer le quai de la Grenouillère alors qu'ils ont été sommés par l'EGPP de le faire. Sont-ils si puissants à telle enseigne qu'ils font fi des lois de la République ? Le doute est permis…