L'opposition syrienne n'a pas caché sa déception, à l'issue de la réunion internationale qui s'est déroulée jeudi dans la capitale italienne. Car si les participants européens et américains ont reconnu «le droit de se défendre» aux civils syriens, ils n'ont pas été jusqu'à promettre l'envoi d'armement à l'Armée syrienne libre. Rome. De notre correspondante
Les participants ont toutefois convenu de l'urgence d'empêcher le régime de Bachar Al Assad de se fournir en armes et l'ont appelé à «cesser les bombardements aveugles sur les régions habitées par des civils». Les onze pays participants à la rencontre des Amis de la Syrie se sont engagés à garantir une aide politique et matérielle à la coalition des rebelles et à l'Armée syrienne libre (ASL). Le gouvernement américain a annoncé qu'il débloquera 60 millions de dollars d'aides médicales et alimentaires qui seront remises directement à l'opposition et à son armée et non à travers les organisations humanitaires comme ce fut le cas jusque-là. Il a été décidé également que l'Union européenne et les USA alimenteront l'opposition syrienne en «matériel militaire non létal» comme des engins blindés, et une assistance technique. «Nous ne pouvons pas prendre le risque de laisser ce pays, au cœur du Moyen-Orient, être détruit par des autocrates brutaux ou détourné par des extrémistes», a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry, assurant que les participants veulent «se mettre aux côtés de ces Syriens qui se battent pour le droit de choisir la dignité, la démocratie et la justice». Le chef de la Coalition des forces de la révolution et de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al Khatib, qui avait menacé de boycotter la réunion, a demandé aux gouvernements européens et américain de faire pression sur le gouvernement de Damas afin qu'il consente à l'ouverture de couloirs humanitaires qui serviraient à transporter les malades. Lors de la conférence de presse qui s'est tenue à l'issue de la rencontre, Al Khatib n'a pas caché son amertume et s'est dit choqué que «certains insistent beaucoup sur la longueur de la barbe des combattants et non sur la quantité du sang d'enfants tombés sous les bombardements du régime», dans une allusion claire à l'hésitation occidentale. Car l'Administration américaine justifie son refus d'envoyer des armes à l'opposition syrienne par sa «crainte qu'elles ne tombent aux mains des extrémistes». Les engagements des participants à la réunion de Rome ont été jugés par l'opposition syrienne «peu satisfaisants». C'est pourquoi ses dirigeants ont décidé de renvoyer le sommet, initialement prévu aujourd'hui à Istanbul pour désigner un gouvernement provisoire.