La condamnation à une année de prison ferme du jeune Islam, âgé de 14 ans, par le tribunal d'Agadir, au Maroc, en a surpris plus d'un. Provoqué ou non, un incident au centre de détention d'Agadir a été utilisé pour réduire à néant toutes les chances de voir Islam retrouver les siens et les bancs de son école. Ses avocats ont interjeté appel. Alors que tous s'attendaient à une fin heureuse pour le jeune Khoualed Islam, le tribunal d'Agadir, devant lequel il a été déféré pour «attentat à la pudeur», a créé la surprise, en rendant, mardi en fin de journée, son verdict. Une peine d'un an de prison ferme a été retenue contre Islam, qui vient de fêter son quatorzième anniversaire au centre de détention d'Agadir où il séjourne depuis le 11 février dernier. Le jeune adolescent fait les frais d'un malheureux jeu d'enfants qui s'est transformé en tragédie. En effet, un des athlètes marocains avait déposé une plainte contre lui, «pour agression sexuelle», à la suite d'un jeu de main. Le plaignant, après avoir baissé le pantalon à Islam, s'est vu rattraper par ce dernier qui lui a fait la même chose. Les deux faisaient partie des équipes en lice pour un tournoi de voile. L'affaire aurait pu être classée, puisque tout s'est passé devant les athlètes ayant pris part à cette compétition officielle, mais aussi devant certains membres des deux délégations. Quelques heures plus tard, le père du Marocain, un ancien officier de l'armée royale, dépose plainte contre Islam. Ses déclarations à la presse en «se présentant en tant qu'ancien militaire ayant passé plus de deux ans dans le désert à combattre le Polisario, une organisation terroriste soutenue par l'armée algérienne», laissaient entrevoir le tournant inquiétant qu'allait prendre l'affaire. Islam est tout de suite placé sous mandat de dépôt puis incarcéré dans un centre de détention pour mineurs, alors que l'examen du médecin légiste ne fait mention d'aucune violence sexuelle sur la présumée victime. Après plus d'un mois de détention et de nombreuses campagnes de solidarité pour Islam, ce dernier est déféré au tribunal criminel d'Agadir. Après les différentes tractations entreprises par la Fédération algérienne de la voile, le Comité olympique algérien et l'ambassade d'Algérie à Rabat, «tout le monde était confiant quant à l'issue rassurante du procès», nous explique un membre de la Fédération. Un grand avocat marocain est constitué pour prendre le train en marche et défendre l'athlète. Contre toute attente, mardi dernier, une altercation verbale éclate entre Islam et des codétenus de son âge. Les enfants en arrivent aux mains. Une bagarre générale s'en suit et les gardiens s'en mêlent. Dans leur rapport transmis au juge, ces derniers incriminent Islam. La réaction du ministère public ne se fait pas attendre. Son lourd réquisitoire contrastait totalement avec la plaidoirie de la défense, axée essentiellement sur «la bonne conduite et le bon comportement» d'Islam. Après avoir longuement insisté sur l'incident de la matinée, le procureur demande la peine maximale de 20 ans de prison ferme contre cet enfant de 14 ans. C'est le choc dans la salle d'audience. Quelques heures plus tard, le juge prononce sa sentence : un an de prison ferme. Islam devra encore patienter dans les geôles. Ses avocats décident de faire appel. Et le nouveau procès devra se tenir dans un peu plus d'un mois. En attendant, les réactions vont de l'amertume à l'inquiétude. «Nous nous attendions au pire, à une peine avec sursis. Mais la sentence nous a surpris. Nous aurions aimé que cette affaire soit close et que le jeune Islam rentre chez lui», a déclaré Me Farouk Ksentini, président de la Commission consultative de promotion et de défense des droits de l'homme, que la famille Khoualed avait sollicité dès l'arrestation du jeune Islam. Contacté, il s'est déclaré déçu, mais espère que l'appel «pourra ramener tout le monde à la raison».