Pour les professeurs hospitalo-universitaires, le principe de fonction d'une structure doit prévaloir sur la nature administrative du service. Les professeurs hospitalo-universitaires ne décolèrent pas. La réponse du Premier ministre aux interrogations des députés sur le mode organisationnel des concours et examens d'accès aux postes de responsabilité les a davantage irrités, en ce sens qu'elle n'a pas traité le fond du problème soulevé ces derniers jours. Protestation contre cette forme d'exclusion du concours de chefferie de service dont ils se sentent victimes, les professeurs hospitalo-universitaires ne cachent pas leurs craintes quant à l'avenir du secteur de la santé. Certains ont multiplié les écrits au ministère sans résultat. Ils regrettent que le problème soulevé soit réduit à une question de paperasse. Les professeurs précisent qu'ils ne demandent pas l'allègement de documents administratifs, bien qu'ils trouvent cette mesure positive. Leurs doléances concernent le manque de transparence dans l'organisation du concours qui ouvre très peu de postes de chef de service par rapport à la demande et aux besoins du secteur. Ils tombent à bras raccourcis sur notamment la direction des services de santé en sa qualité de pilote principal de l'ouverture des postes de chefferie de service. Cette direction fixe les règles du concours à sa guise et selon ses propres critères que ces professeurs qualifient de «subjectifs». Subjectifs, expliquent-ils, parce qu'«ils ne tiennent pas compte des critères académiques universellement admis par le ministère de l'Enseignement supérieur». Ce dernier, assurent ces professeurs, n'a fait qu'avaliser «sans la moindre réserve» les critères organisationnels mis en place par cette direction. Selon eux, le ministère de l'Enseignement supérieur pouvait contester les situations litigieuses pour défendre les enseignants qui méritent de concourir à des postes de chefferie de service, «car ils assurent une formation pour les étudiants, ce qui est l'essentiel pour le secteur». «Le principe de fonction d'une structure doit prévaloir sur la nature administrative du service s'il est de santé publique, par exemple, ou s'il ne dispose pas d'arrêté interministériel», lance un professeur totalement désemparé. Sept ans d'attente pour rien Selon lui, des dizaines de professeurs se trouvent aujourd'hui dans l'impossibilité de participer à ce concours à cause de l'absence de cet arrêté interministériel qui constitue un véritable couac pour eux. «Il aurait fallu créer une commission ad hoc pour éviter de telles contraintes et permettre à un maximum de professeurs de participer à ce concours», a ajouté ce professeur. Comparativement à d'autres pays, élaborer des arrêtés interministériels pour structurer un service ne prend pas beaucoup de temps. En Algérie, 7 ans n'auront pas suffi pour ce faire. Le dernier concours a été organisé, faut-il le préciser, en 2005. Ces professeurs qui réclament une liste additive ne comprennent pas pourquoi. Le 26 mars dernier, trois postes ouverts pour lesquels des professeurs ont postulé ont été supprimés de ce concours. Cela illustre, à leurs yeux, le degré de «bricolage administratif» dans le secteur et montre «la faiblesse des institutions de l'Etat». Un autre professeur, contacté par nos soins, craint pour «la baisse du niveau d'enseignement de la médecine en Algérie relativement déjà bas». Une baisse qui ne sera pas sans conséquence sur la prise en charge des malades dans nos hôpitaux et différents établissements de santé. «Comment améliorer ce niveau quand le grade le plus important des sciences médicales est traité avec autant de désinvolture ? La chefferie de service étant un poste supérieur de responsabilité, il est le cumul des responsabilités médicales et pédagogiques. L'ouverture de tous les postes de chefferie de service est un droit qu'on obtient au mérite et à la compétence. Ce n'est pas un privilège accordé aux uns et refusé aux autres dans les coulisses du ministère de la Santé», a relevé un autre professeur. Outre la mise à la retraite des professeurs trop âgés (70-80 ans) non encore tranchée, ces professeurs contestataires s'étonnent que «de grands nouveaux services de médecine ne sont pas encore structurés à Alger et à l'intérieur du pays». Cela en dépit d'un arrêté interministériel, signé en décembre 2012, qui fixe dans son article 5 «la capacité optimale à 60 lits pour un service. Ainsi donc, un établissement de 240 lits doit être divisé en quatre services». Ces professeurs espèrent que le message parvienne aux plus hautes autorités afin qu'elles mettent un terme à cette situation qui n'est nullement dans l'intérêt du secteur ni du malade.