Les proches de l'opposant tunisien assassiné en février, Chokri Belaïd, ont manifesté hier devant le tribunal où siège le juge d'instruction chargé du dossier pour dénoncer les lenteurs de l'enquête. Alors que des complices du tireur présumé appartenant à la mouvance salafiste djihadiste ont été arrêtés, le suspect de l'assassinat est pour sa part toujours en fuite et le commanditaire n'a pas été identifié. La famille de l'opposant, tué à bout portant le 6 février dernier, et des dizaines de manifestants ont scandé des slogans dénonçant la responsabilité du parti islamiste au pouvoir, Ennahda. «Je mets en garde Ennahda contre la colère du peuple», a lancé Besma Khalfaoui, la veuve de Chokri Belaïd, chef d'un petit parti laïque de gauche. «Je dis à ce gouvernement de l'échec et de la trahison et au mouvement Ennahda et à (son chef) Rached Ghannouchi que nous n'allons pas nous taire», a-t-elle ajouté. Les proches de l'opposant accusent Ennahda, qui dirige le gouvernement, d'être responsable de ce crime, ce que le parti islamiste dément avec véhémence. Ce meurtre sans précédent en Tunisie a exacerbé une profonde crise politique qui a finalement conduit à la démission fin février du gouvernement de Hamadi Jebali. Le nouveau Premier ministre et ex-ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, a promis d'élucider le crime et que la lutte contre les islamistes armés était une priorité de son gouvernement.