La communauté musulmane condamne unanimement l'enlèvement des deux journalistes français et exige leur libération sans condition. Un rassemblement a eu lieu hier à La Grande Mosquée de Paris. L'Armée islamique d'Irak, qui a enlevé les deux journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, a réussi là où la loi sur le port du voile a échoué : rassembler les Français de toutes les confessions. Hier après-midi, des centaines de personnes se sont réunies à la Grande Mosquée de Paris pour un rassemblement de prière. Autorités religieuses, autorités politiques et simples citoyens étaient présents pour dire non au chantage de l'Armée islamique d'Irak qui menace de tuer les deux journalistes si la loi controversée n'est pas annulée, à un jour de la rentrée scolaire. Le recteur de la Grande Mosquée, Dalil Boubakeur, a été virulent et très clair : « Nous appelons ceux qui détiennent la vie de ces deux compatriotes à tout faire pour épargner leur existence et assurer leur liberté sans délai. Les ravisseurs doivent mettre un terme à cette épreuve terrible et agir conformément aux valeurs de l'islam ». Pour lui, cet enlèvement déforme l'image de l'Islam. Il exhorte les citoyens français à éviter les amalgames. Le voile, l'union et la mobilisation Les autorités françaises saluent la forte mobilisation de la communauté française. Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, se sont rendus à la Grande Mosquée pour « participer à l'union nationale autour des deux otages français ». S'adressant aux manifestants musulmans, le ministre de l'Intérieur ne cache pas sa satisfaction pour l'unité affichée contre le terrorisme. « La France, notre pays, est dans l'épreuve et la mobilisation, le rassemblement qui est le vôtre, nous touche infiniment. L'unité que vous incarnez et que vous manifestez, c'est notre bien le plus précieux en ces instants, c'est l'image de cette France rassemblée autour de ses valeurs, autour de ses idéaux. » De nombreux Algériens ou Français d'origine algérienne ont tenu aussi à participer à ce rassemblement. « Cela me rappelle les années noires de l'Algérie où plus de 80 journalistes ont été assassinés par le GIA et autres groupes islamistes. Cet enlèvement m'écœure. Il ne sert ni les intérêts de l'Irak ni ceux des musulmans. La France a eu une position courageuse durant l'invasion de l'Irak, plus courageuse que celles de nombreux pays musulmans », s'indigne Malika, étudiante en médecine.Les appels de nombreuses associations musulmanes continuent d'affluer pour condamner « l'ignoble chantage et l'ingérence dans la politique française ». Elles saluent pour la plupart, même celles qui étaient réfractaires auparavant, la loi sur la laïcité à l'école.