Mobilisation générale en France pour rejeter le chantage des islamistes irakiens et pour demander la libération des deux journalistes. Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont été enlevés, il y a dix jours, sur la route Baghdad-Najaf. L'Armée islamique de l'Irak, qui a revendiqué cet enlèvement, a fixé son ultimatum pour aujourd'hui. Si la France n'annule pas sa loi sur le port des signes religieux à l'école, les deux journalistes seront exécutés. C'est ce même groupe qui a procédé à l'exécution du journaliste italien Enzo Baldoni cette semaine. L'affaire a créé une grande émotion en France. Le président Jacques Chirac a reçu le Premier ministre pour tenter de trouver une solution. La condamnation est unanime aussi bien de la part des autorités que des associations musulmanes qui dénoncent cet ignoble chantage. Les musulmans de France s'insurgent contre « l'intrusion dans la politique française » des islamistes irakiens. Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman, a demandé, « au nom de l'islam », la libération des deux journalistes. Et s'inquiète d'un possible amalgame. « Je supplie qu'on ne fasse pas d'amalgame entre la communauté musulmane de France et cet odieux chantage. Il s'agit d'un défi, d'un chantage jeté à l'Etat. A l'Etat de trouver toutes les solutions, pacifiques et autres, pour sauver la vie de ces innocents. La communauté musulmane de France est absolument innocente », explique le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Les autres associations lui ont emboîté le pas. La Fédération des associations amazighes de France (FACAF) ne dit pas autre chose quand elle déclare : « Parce que ce groupe parle et agit implicitement en notre nom, parce qu'il prétend défendre nos intérêts, son intrusion dans la politique française nous est particulièrement intolérable. » Et la FACAF réaffirme son soutien à la loi contre le port des signes religieux à l'école et rappelle « la position courageuse de la France » sur la question irakienne. Cette affaire met aussi dans l'embarras les autorités irakiennes. Le président Allaoui devait être reçu à l'Elysée en septembre pour essayer de réchauffer les relations entre Paris et Baghdad, moribondes depuis l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis.