Le changement pacifique recherché ne peut venir de l'intérieur du système, ni des institutions officielles entièrement soumises au contrôle du pouvoir en place, ni de la société civile telle qu'elle a été organisée par le pouvoir», a déclaré, hier, l'ancien chef de gouvernement, économiste et candidat à la prochaine présidentielle, Ahmed Benbitour, lors d'une conférence animée au campus universitaire de Hasnaoua, à Tizi Ouzou. Pour lui, le changement ne vient de l'intérieur du système que dans des situations tout à fait exceptionnelles, où une pression forte et croissante de la société, une alliance stratégique des forces du changement et un événement déclencheur sont réunis. Le conférencier a estimé aussi que l'élection présidentielle de 2014 est un élément déclencheur pour amorcer un changement pacifique, car, a-t-il soutenu, la décennie 2010-2020 enregistrera la dérive de l'Etat algérien de sa situation actuelle de défaillance vers une nouvelle situation de déliquescence. «Un Etat déliquescent est un Etat chaotique, ingouvernable», a-t-il relevé. «Nous sommes dans un éveil politique mondial lié à la globalisation, surtout avec le développement des nouvelles technologies de la communication. Donc, l'Algérie ne pourra pas faire exception, car toute l'humanité active est consciente pour la première fois dans l'histoire», a-t-il fait remarquer. Et d'ajouter : «Sans le changement de tout le système de gouvernement, notre pays peut aller vers une situation très grave. Donc, il faut une pression pacifique des populations et profiter de l'événement déclencheur pour exiger le changement.» Pour M. Benbitour, la refondation de l'Etat est urgente. Elle doit se faire, a-t-il expliqué, avec la restructuration de l'administration, de la justice et la modernisation de l'armée, tout en définissant une nouvelle doctrine de la défense. «Les tenants du pouvoir doivent partir avant que la situation n'explose», a-t-il insisté. Evoquant les scandales de corruption gangrenant les institutions du pays, le conférencier a déclaré que «les dirigeants actuels ne peuvent plus bénéficier du paradis de l'exil. Il y avait l'hypothèse que les dirigeants peuvent quitter le pays en cas de tensions intenables et aller profiter des avoirs qu'ils ont frauduleusement placés à l'étranger. Ceci n'est plus possible, ni pour eux, ni pour leur famille, ni pour leurs collaborateurs proches. De même qu'ils ne peuvent plus bénéficier des soutiens bienveillants des puissances internationales». Il a également relevé l'urgence et la nécessité de construire les alliances stratégiques entre les différentes forces du changement, afin de prévenir la dérive et le chaos. «L'autisme du pouvoir d'un côté et le mécontentement grandissant de la société de l'autre nourrissent la double violence de la rue et des autorités, qui font que la situation peut devenir insoutenable à tout moment. La nation est en danger et le pays est à la dérive», a-t-il affirmé. Par ailleurs, évoquant la révision de la Constitution, M. Benbitour a souligné que «le changement de la Constitution ne doit être que l'émanation d'un choix de la société, car il s'agit d'une question fondamentale pour l'avenir du pays».