Les attentes des populations de la région sont nombreuses et le Premier ministre s'est engagé à appliquer toutes les mesures annoncées pour y répondre. Laghouat. De notre envoyé spécial Les jeunes de Laghouat sont toujours en colère. Ils l'ont montré encore une fois au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a effectué, hier, une visite de travail et d'inspection dans leur wilaya, la première du genre depuis la dernière manifestation des chômeurs du Sud. En effet, les populations des villes de Laghouat, Aflou (120 km du chef-lieu de wilaya) et Oued Morra sont sorties pour réitérer leurs revendications : l'emploi, le logement et l'ouverture du dialogue avec les autorités locales. Des revendications sur lesquelles le Premier ministre a tenté de répondre lors de sa rencontre avec les représentants de la société civile, au niveau de la salle de réunion de la wilaya. «Il y a des lacunes que je reconnais. Nous allons essayer de les rattraper. Les jeunes de la wilaya sont ambitieux et c'est leur droit d'être furieux contre nous. Mais il faut croire en nos promesses. Ce ne sont pas de fausses promesses et nous n'avons aucun intérêt à vous mentir», dit-il. M. Sellal appelle, dans ce sens, les jeunes et les citoyens de Laghouat à être patients : «Personne ne peut nous décourager. Toutes les mesures prises seront appliquées.» Les mêmes propos sont également tenus devant des citoyens dans les différentes localités que le Premier ministre a visitées durant la matinée d'hier. Malgré une présence policière impressionnante qui a empêché tout rassemblement susceptible de perturber la visite ministérielle, les citoyens de cette wilaya ont réussi à discuter avec le premier responsable du gouvernement. Notamment à Aflou, où plusieurs dizaines de jeunes se sont rassemblés à proximité du projet de réalisation d'un institut spécialisé de formation professionnelle (en chantier actuellement) pour l'interpeller. Massés derrière un cordon de sécurité et sous un soleil de plomb, ces jeunes ont attendu pendant de longues heures l'arrivée du cortège officiel. «Nous sommes marginalisés. Nous n'avons ni emplois ni logements. J'attends depuis plus de quinze ans, mais je n'ai rien vu venir», déclare un père de famille. Les interpellations des jeunes d'Aflou ne concernent pas seulement Abdelmalek Sellal, mais aussi les ministres qui l'accompagnent. «Les autorités locales nous ont marginalisés. La population d'Aflou souffre en silence», lancent encore les contestataires à l'adresse du staff gouvernemental, qui a écouté les doléances pendant quelques minutes. Et là, Abdelmalek Sellal a rétorqué : «Pour le logement, il y aura de nouveaux programmes et vous allez en bénéficier.» Concernant les postes d'emploi, l'hôte de Laghouat commence d'abord par rappeler une vérité aux populations locales : «80% des emplois dans les chantiers de logements et des travaux publics sont occupés par des personnes étrangères à la wilaya. Parce que vous refusez de les occuper. On va vous recruter dans les chantiers et dans l'agriculture.» Les chômeurs empêchés de contacter le premier ministre Avant cette étape, Abdelmalek Sellal avait visité le projet de réalisation de 1600/1700 logements sociaux locatifs au niveau du pôle urbain d'Aflou. En écoutant les explications fournies par les responsables de la direction de l'habitat de la wilaya, il demande la révision du plan du projet. «Où sont les cafés ? Où sont les espaces verts et les espaces de loisirs ? Il ne suffit pas de construire uniquement des logements, il faut penser aux futurs habitants. Il leur faut même un espace public pour manifester», recommande-t-il, avant de reprendre la route pour rentrer au chef-lieu de wilaya, où il a également visité de nouveaux projets, dont celui de réalisation d'un marché de proximité de 40 locaux. Abdelmalek Sellal prend l'engagement de «livrer 60% des marchés de proximité avant la fin du mois de juin prochain». «25 000 jeunes vont bénéficier de ces locaux avant le mois de Ramadhan», annonce-t-il, expliquant que la question a été examinée lors d'une réunion interministérielle tenue il y a trois semaines. Initiatrice du mouvement de protestation dans le sud du pays, la Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) est persona non grata à l'occasion de cette visite. Les représentants de la coordination n'ont pas approché le Premier ministre. Ils ont été empêchés d'accéder à la salle de conférences de la wilaya qui a abrité la rencontre entre le Premier ministre et les représentants des différentes organisations locales.