Les auteurs des deux attentats-suicides perpétrés jeudi au Niger contre un camp militaire à Agadez et contre un site du groupe nucléaire français Areva à Arlit «sont venus de Libye», a affirmé, hier, le président nigérien, Mahamadou Issoufou. «Les assaillants, selon toutes les informations que nous avons eues, venaient de Libye, du Sud libyen», a déclaré M. Issoufou, confirmant des informations déjà avancées par des responsables nigériens sitôt après les attentats. Ces attaques confirment que «la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel», a-t-il poursuivi, s'exprimant à l'issue d'une rencontre à Niamey avec le patron du groupe Areva, Luc Oursel. A Agadez, la grande ville du Nord désertique, 24 personnes ont été tuées, essentiellement des militaires nigériens, selon le dernier bilan officiel. A Arlit, site d'extraction d'uranium, un employé d'Areva a été tué et 14 blessés, tous Nigériens, selon le groupe. Dix jihadistes sont morts, d'après Niamey. Les attentats, les premiers du genre au Niger, ont été revendiqués par les Signataires par le sang, groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar — qui avait été donné pour mort par le Tchad — et par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). «J'avais déjà prévenu, depuis le déclenchement de la crise libyenne (...), qu'il fallait éviter que les solutions après la défaite (du défunt dirigeant libyen, ndlr) El Gueddafi soient pires que le mal, et j'avais précisé que si l'Etat libyen se ‘‘somalisait'' ou tombait entre les mains d'intégristes, la solution serait pire», a souligné M. Issoufou devant plusieurs médias. «Aujourd'hui la situation est très difficile, les autorités libyennes font le maximum pour la contrôler, mais le fait est là: la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel», a-t-il dit. Selon de nombreux experts, le Sud libyen est devenu au cours des derniers mois l'un des sanctuaires où se sont reformées les cellules d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et autres groupes islamistes armés après l'offensive française au Mali. Sitôt après les attentats, les autorités nigériennes avaient pointé la Libye voisine.