Une centaine d'Algériens, dont 16 femmes, sont incarcérés au centre de rétention de Busmantzi, près de Sofia, capitale de la Bulgarie, depuis plusieurs mois sans possibilité de rentrer dans leur pays. Arrêtés en Bulgarie après avoir illégalement franchi la frontière turque vers l'Europe, ces migrants ont été arrêtés par la police bulgare et envoyés dans ce centre de 400 places, comme prévu par les lois de l'immigration européennes. Cependant, alors que la rétention n'est censée durer que 20 jours, des Algériens y sont coincés depuis plusieurs mois. «Les conditions de vie sont insupportables», témoigne l'un des migrants retenus. Quarante personnes par pièce, des repas «immangeables» et deux périodes quotidiennes de 20 minutes dans la cour. Selon les détenus, les lieux sont insalubres. «On nous a enlevé tous les téléphones avec lesquels on peut prendre des photos», raconte l'un d'eux. Pour le moment, les migrants n'ont reçu aucune visite d'une ONG internationale. Un employé de l'ambassade algérienne de Sofia est venu plusieurs fois. «On nous répète qu'il faut être patients», soupire un migrant. Mais les autorités ont en fait un autre message : vous êtes venus tous seuls jusqu'ici, il faudra en sortir tous seuls ! Malgré leurs demandes incessantes, les Algériens n'ont pu rencontrer ni le consul ni l'ambassadeur algériens. L'absence d'intervention diplomatique a pour conséquence de priver certains détenus de leurs médicaments. Si les ressortissants d'autres pays, comme l'Irak ou la Tunisie, peuvent quitter le centre, les Algériens et les Somaliens y sont confinés. Une situation qui inquiète Malika Benarab-Attou, députée européenne. «Le centre de Busmantzi est connu pour ses manquements aux droits de l'homme depuis 2008», explique-t-elle. La députée a sollicité des autorités bulgares, qui affirment être conscientes du problème. Mais Sofia est débordée par un phénomène qui la dépasse : 60 à 100 personnes entrent dans le pays chaque jour, selon les autorités. Les migrants algériens pâtissent surtout du manque de connaissance de leurs droits, déplore la députée européenne. Selon elle, ils auraient tenté d'employer des avocats pour sortir de ce centre, sans résultat. La situation devient urgente pour Malika Benarab-Attou : «Il faut qu'on les laisse rentrer chez eux !»