L'Etat algérien a commis des lois internes pour adapter la convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989, adoptée le 19 décembre 1992 par décret présidentiel n° 461-92, et le traité africain des droits de l'enfant et son bien-être de 1990, agréé le 8 juillet 2003 par décret n° 242-03, visant la protection morale, psychologique et physique de l'enfant. Outre une panoplie de mesures coercitives, des peines de prison ferme allant de 5 à 20 ans, -selon le degré du délit ou crime commis à l'encontre de l'enfant- sont de plus prévues. Qu'en est-il au juste aujourd'hui ? Une rencontre autour de ce fléau majeur qu'est la violence contre l'enfance, a eu lieu, hier, à l'occasion de la journée mondiale de l'enfant (1er juin), à l'initiative de l'union nationale des avocats du barreau de Constantine, en coordination avec les organismes de wilaya (corps de sécurité, DSP, DAS et direction de l'éducation), à la salle de conférences Ibn Badis, de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader. En marge de la rencontre, une source judiciaire nous a révélé que les abus sexuels sur mineurs, -incestes et autres-, sont un fait assez préoccupant, dont les principales victimes sont les enfants de sexe masculin, -contrairement à ce que l'on pourrait croire. Quelles sont les mesures judiciaires prises pour la protection de cette frange vulnérable de la société ? Le jeune magistrat près le tribunal de Constantine, Yacine Maâzouzi, a livré, dans ce sens, une communication édifiante : «La protection judiciaire de l'enfant victime, sur la base du droit interne et des traités internationaux». Selon lui, la législation algérienne permet une protection optimale des enfants mineurs victimes de violences diverses. Reste à mettre en œuvre des moyens actifs et urgents pour son application sur terrain. Le responsable de la cellule de psychologie (CHU) de Constantine, Aziz Kabouche, a relevé la démission parentale face à la déperdition scolaire et autres besoins vitaux de l'enfant, dont surtout l'écoute et la vigilance. L'enfant devient, selon lui, de facto la cible de toutes les prédations en l'absence de garde-fous familiaux. Son service, a-t-il fait savoir, dispense une aide psychologique à 5 enfants (de 5 à 18 ans) par jour. L'intervention de la direction de l'éducation s'est axée sur quelques causes de la violence en milieu scolaire, mettant en avant, entre autres, l'absence de communication et l'attitude discriminatoire de certains enseignants vis-à-vis des élèves, l'environnement scolaire physique inadapté (bâtisses et salles de cours lugubres, programmes surchargés, manque de loisirs, d'espaces verts, etc.). Les corps de sécurité, sûreté et gendarmerie nationales, ont respectivement abordé «La violence contre l'enfance en tant que manifestation criminelle», et «La violence contre l'enfance et la rigueur juridique», le tout étayé par un bilan statistique de 2012 à mai 2013. Selon la sûreté de wilaya, 173 enfants (filles et garçons) âgés entre 10 et 18 ans ont fait l'objet, en 2012, de violences diverses, entre assassinat, abus sexuel, coups et blessures, et rapt ; en 2013 (jusqu'à avril) 157 enfants ont été victimes de violences de tout genre, dont 19 sexuelles, dans la wilaya de Constantine. Il faut noter que sur 36 cas d'abus sexuels, un seul est connu des autorités concernées, a révélé le représentant de la sûreté de wilaya.