Le gouvernement a-t-il cédé devant la pression des salafistes sur la question du prêt usuraire ou riba ? D'aucuns estiment qu'il s'agit bel et bien d'un recul sur ce dossier puisque le gouvernement a décidé d'octroyer des crédits sans intérêt. D'ailleurs, une fatwa dans ce sens est en cours d'élaboration. Jeudi dernier, devant les sénateurs, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, a révélé le contenu de la réunion qu'il a tenue avec des universitaires spécialisés en économie, en théologie et des représentants des différents rites existant en Algérie. Un regroupement pour se pencher sur l'élaboration d'une fatwa autour des micro-crédits à destination des jeunes. A l'adresse des sénateurs et en réponse à une interrogation d'un élu relative à la problématique des fatwas parallèles en l'absence d'une institution officielle de la fatwa, M. Ghlamallah a souhaité mettre en œuvre une fatwa unifiée qui sera la référence pour les jeunes et les banques qui accordent ces micro-crédits, comme il n'a pas ménagé ceux qui s'érigent en donneur de leçons et émettent pour chaque sujet une fatwa. Tout en reconnaissant l'existence de divergences sur la question des intérêts bancaires, le ministre met en garde contre l'exploitation de ce différend par certaines personnes malintentionnées. «Ceux qui prononcent des fatwas controversées sont des personnes indépendantes des institutions officielles de la fatwa et leurs acolytes appartiennent à des institutions parallèles et n'ont pas d'influence sur les Algériens», a-t-il affirmé. Pour barrer donc la route à ces individus, le ministre a soutenu que son département avait proposé officiellement la création d'une institution de la fatwa (décret religieux) en Algérie. «Ce projet attend sa concrétisation et la nouvelle fatwa sur les micro-crédits sera publiée le plus tôt possible dans les journaux, une fois qu'il y a accord sur elle», a promis le ministre. Ce dernier a dit espérer voir «les hommes de religion et de savoir contribuer à concilier les Algériens avec leurs institutions et préserver celles-ci des effets destructeurs de l'activité parallèle qui gangrène la société et détruit les fondements de l'Etat». De l'avis de Ghlamallah, l'Algérie est «immunisée de par sa référence religieuse et nationale et son système de la fatwa est basé sur l'institution de la mosquée, soutenue actuellement par les directeurs des affaires religieuses et des wakfs de toutes les wilayas». Les conseils de wilaya composés d'une élite d'imams, d'universitaires et d'érudits sont représentés au niveau du ministère de tutelle, ce qui permet l'émission régulière de fatwas à travers les permanences de la commission au niveau des institutions des mosquées de chaque wilaya et sur le site électronique du ministère, afin de répondre aux questions des personnes physiques et morales. M. Ghlamallah a affirmé que ce réseau «préserve la société de plusieurs dangers et craintes, car il est empreint d'authenticité et de dynamisme». Par ailleurs, le représentant du gouvernement a révélé que l'Arabie Saoudite a octroyé 27 800 visas à l'Algérie pour la saison du hadj 2013. «Les négociations avec les autorités saoudiennes à propos de la réduction du quota de l'Algérie pour la saison du hadj 2013 ont permis l'octroi, à l'Algérie, de 27 800 visas», a précisé le ministre. «Nous soumettrons la liste des candidats au hadj prochainement au Premier ministre qui se prononcera sur la question», a ajouté le ministre selon lequel «les parties concernées définiront plus tard les listes des candidats au hadj en sus de ceux retenus par le tirage au sort».