Au moment où le gouvernement algérien souhaite réduire l'importation d'automobiles, dont la facture est jugée trop élevée, les chiffres officiels des Douanes évoquent paradoxalement une vive augmentation des entrées de véhicules en Algérie. Le marché est en nette croissance. D'année en année, le parc auto augmente d'une manière vertigineuse et la facture liée à l'importation de véhicules aussi. La demande est tellement importante qu'il est souvent impossible de satisfaire, à temps, le client voulant acquérir un nouveau véhicule auprès d'un concessionnaire. La durée de la livraison finale peut prendre plus de six mois. Ni les mesures décidées par le prédécesseur d'Abdelmalek Sellal (Ahmed Ouyahia), avec notamment l'instauration d'une taxe «véhicule neuf», et la suppression du crédit auto, n'ont pu freiner l'importation massive des véhicules. Bien au contraire, la tendance demeure bien à la hausse. En voulant prendre en charge le phénomène de «l'explosion» du marché automobile en Algérie, lequel influe négativement sur l'équilibre de la balance commerciale, l'actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, lui, une fois installé dans ses fonctions, demandé à quatre ministères (Commerce, Intérieur, Transport et Finances) de trouver des solutions permettant de réduire la facture d'importation des véhicules. Il s'est basé notamment sur les normes, en insistant sur la nécessité d'homologuer les voitures importées en matière de sécurité et d'interdire de faire entrer en Algérie des véhicules sans airbags. Une mesure restrictive pour protéger les automobilistes des accidents mortels, mais également pour minimiser l'importation tous azimuts de véhicules. Des chiffres révélateurs En 2012, l'Algérie a importé 568 610 véhicules pour une valeur de 514, 43 milliards DA, contre 390 140 véhicules en 2011 (354,16 milliards DA), soit une hausse de 45,75%. Durant les trois premiers mois de 2013, les importations algériennes de véhicules ont poursuivi leur hausse entamée depuis trois ans, avec 151 728 automobiles importées, pour une valeur de 146,3 milliards DA (près de deux milliards de dollars) alors que pendant la même période en 2012, l'Algérie avait importé 117 144 véhicules pour une valeur de 104,12 milliards DA, soit une augmentation de plus de 29,5%. Ces chiffres communiqués par le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes sont plus qu'inquiétants. Des dépenses faramineuses et non utiles à l'économie nationale. D'ailleurs, le gouverneur de la Banque d'Algérie a attiré, récemment, l'attention des décideurs sur «les périls qui guettent la balance des paiements», à cause, notamment, des fortes dépenses liées aux importations, accompagnées par une chute des prix du pétrole. Les importations massives de véhicules ne sont pas, non plus, sans conséquences sur la saturation des routes situées dans les grandes villes, pouvant même influer sur l'attractivité économique et commerciale du pays. Alger, la capitale, donne ainsi une très mauvaise image de l'Algérie pour ce qui est de la circulation automobile et un porteur de projet étranger peut renoncer à son investissement à cause de «l'handicap routier». En effet, la densité de la circulation routière ne cesse de poser problème. Se déplacer en voiture est souvent synonyme de corvée, alors qu'un véhicule est censé offrir un déplacement utile, efficace, agréable et dans un minimum de temps. Des citoyens qui s'énervent sur la route en allant, parfois, jusqu'à provoquer une rixe, d'autres qui ratent des rendez- vous importants ou arrivent en retard à leur lieu de travail…voilà des conséquences préjudiciables et pour le citoyen et pour l'économie nationale, causées par la non-fluidité de la circulation routière. Rien que pour l'exemple, un déplacement d'une dizaine de kilomètres seulement peut prendre plus d'une heure. Stationner son véhicule relève aussi du parcours du combattant. C'est grave et ça risque de devenir plus grave encore puisque le parc auto ne cesse d'augmenter, en Algérie, alors que les infrastructures routières, notamment dans les villes, et les espaces réservés au stationnement sont pratiquement les mêmes. Pour le moment, aucune politique ne semble limiter l'importation massive de véhicules.