Pourquoi avoir choisi de commémorer la Journée internationale de la liberté de la presse en organisant une expo photo des journalistes assassinés entre 1993 et 1997 ? Avec nos structures, nous avons pensé déroger aux traditions du 3 mai. Nous voulions faire du 3 mai 2006 une journée commémorative et aussi revendicative. Commémorative à l'égard de nos confrères assassinés qu'on a tendance à oublier ces dernières années. Revendicative avec l'organisation, prochainement à Cherchell, d'une rencontre des correspondants locaux de la presse. Nous avons également laissé la libre initiative à nos sections locales pour commémorer cette journée, pour peu que cela cadre avec nos positions. Vous dites que les journalistes assassinés sont souvent oubliés... Il nous est interdit de les oublier. Du point de vue moral et aussi social : la majorité des titres a laissé sans ressources les familles de ces défunts confrères. Les employeurs et l'Etat devraient se pencher sur ces cas. Le SNJ est taxé de non-représentativité, qu'en dites-vous ? Du point de vue réglementaire, nous répondons aux normes de la loi : un syndicat est représentatif s'il représente au moins 20% des effectifs du corps ciblé. C'est d'ailleurs sur cette base que nous avons été agréés. Maintenant, quand on dit nous sommes représentatif, cela ne veut pas dire que nous représentons 100% de la corporation. Le SNJ n'est pas une organisation de masse. Nous sommes une structure autonome avec un peu plus d'un millier d'adhérents à travers le territoire et qui ambitionne d'agrandir ses effectifs. On s'interdit le monopole de l'action associative ou syndicale. Quelles sont les priorités du SNJ ? Il y d'abord des priorités internes concernant le renouvellement et l'installation de sections. Le syndicat veut se doter de structures puissantes pour faire face aux nombreuses et pressantes exigences socioprofessionnelles de la corporation. Par exemple ? La précarité est telle que tout est à revoir. De nombreuses questions nous interpellent : la convention collective, les salaires, la sécurité sociale, le statut du journaliste, la formation, la réglementation du marché publicitaire ainsi que la situation honteuse des correspondants locaux de presse. Le président Abdelaziz Bouteflika a gracié avant-hier les journalistes poursuivis pour des délits de presse, qu'en pensez-vous ? Le SNJ considère qu'il s'agit d'un non-événement. Car en Algérie, un seul journaliste est condamné définitivement et purge toujours sa peine en prison de deux ans, il s'appelle Mohamed Benchicou. Je crois qu'il y a une grande confusion et une incompréhension en ce sens que certains ont vite conclu à une extinction des poursuites judiciaires. Ce qui n'est pas le cas.