l L'ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger n'y est pas allé de main morte, hier à Annaba, pour dénoncer les nombreuses entraves qui empêchent un réel développement des échanges économiques entre son pays et l'Algérie. Au siège de la Chambre de commerce et d'industrie Seybouse Annaba où il s'était rendu hier et a rencontré les opérateurs économiques des régions de Annaba, de Guelma et d'El Tarf, Vladimir Titorenko, ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, n'est pas allé de main morte pour dénoncer les nombreuses entraves qui empêchent un réel développement des échanges économiques entre son pays et l'Algérie. Exception faite au secteur des hydrocarbures, tous les autres secteurs d'activité économique en Algérie n'ont pas été épargnés par ses sévères critiques et révélations. Il est allé jusqu'à mettre en doute la volonté des responsables algériens à concrétiser les accords de coopération et d'échanges signés entre les deux pays lors de la visite à Alger en mars dernier du président Poutine. « La volonté des Présidents des deux pays à développer au mieux leurs relations économiques est réelle. Très intéressés par des investissements en Algérie, nos hommes d'affaires sont confrontés à la bureaucratie au niveau des différents ministères. Je cite l'exemple du patron de la société russe Alfa Télécom, l'une des plus importantes à l'échelle mondiale dans les télécommunications. Il s'était déplacé en Algérie avec la ferme intention d'y investir 2 milliards de dollars pour la réalisation d'une unité de production de fibre optique. Après avoir vainement frappé à toutes les portes durant 3 jours, il a dû s'avouer vaincu. Les responsables algériens préfèrent en importer que stimuler l'investissement étranger dans ce créneau », a révélé ce diplomate à une question relative à l'absence des hommes d'affaires russes sur le marché algérien. Pas assez de garanties Estimant très insignifiant le volume des échanges entre les deux pays, le diplomate a estimé que la mise en place d'un conseil mixte algéro-russe des hommes d'affaires remédiera à cette situation. Selon M. Titorenko, ce conseil s'est déjà réuni et a défini les grands axes d'une coopération fructueuse. Sa mise en route devrait être décidée au lendemain de la 2e réunion qui se tiendra à Alger en octobre prochain. Banques, agroalimentaire et tourisme seront également les sujets abordés par le diplomate. Il a estimé qu'en matière de représentation des banques russes, l'Algérie ne présente pas assez de garanties. Parlant des exportations des produits agroalimentaires algériens vers la Russie, il a affirmé que la loi de l'économie de marché et particulièrement l'aspect qualité/prix sont pris en compte par les opérateurs russes dans leurs transactions avec les partenaires étrangers. « Comparativement à d'autres pays comme le Maroc, les produits algériens sont excessivement chers », a-t-il précisé. Dans le domaine du tourisme, le diplomate russe a affirmé que la qualité de l'hôtellerie et des prestations de services offertes en Algérie sont très loin de celle de Tunisie, destination de 150 000 touristes russes/an, de l'Egypte 1 million et de la Turquie 3 millions. Il ira jusqu'à dire : « Exception faite du site paradisiaque qu'offre votre pays, rien n'attire pour que nos touristes viennent y séjourner. Il n' y a pas de discothèques et autres lieux à même d'offrir des moments de loisirs et de distraction recherchés par nos ressortissants. » Avec le sourire de ceux qui ont beaucoup de choses à reprocher mais dans l'impossibilité de s'exprimer, M. Titorenko n'a tout de même pas raté l'occasion de revenir sur la question de l'échec subi par le patron de Alfa Télécom dans sa tentative d'investir en Algérie. S'adressant aux journalistes, qui voulaient en savoir plus sur cette affaire, il a tenu à préciser : « Posez la question à votre ministre des Postes et des Technologies de l'information sur son refus de discuter de ce projet », a-t-il annoncé. Et d'ajouter : « En Russie, l'on ne comprend pas que les pays arabes comme l'Algérie qui avaient de tout temps bénéficié de l'aide et de l'assistance dans tous les domaines, y compris militaire de l'ex-Union soviétique, lui tournent aujourd'hui le dos. Alors qu'ils bénéficiaient de cette assistance, les Arabes travaillaient avec les Américains, les Européens et même les Israéliens qu'ils inondaient de leurs dollars. L'Egypte, que la Russie a aidé matériellement et financièrement depuis la bataille de Suez en 1956, n'a pas trouvé mieux que d'expulser nos experts », a-t-il révélé.