Le général Abdelfattah Al Sissi, déjà ministre de la Défense, s'est offert aussi les «galons civils» de vice-Premier ministre aux côtés d' El Baradei. Le nouveau gouvernement égyptien a prêté serment, hier après-midi, après une nuit de violences au Caire qui ont fait sept morts en marge de manifestations de partisans du président déchu Mohamed Morsi. Deux semaines après le renversement du président issu des Frères musulmans, Morsi, par l'armée, l'Egypte a désormais un nouveau gouvernement emmené par le Premier ministre, Hazem Beblawi. Comme il fallait s'y attendre, les militaires, qui ont pensé et exécuté le coup d'Etat, gardent le cap dans le nouveau cabinet. L'homme qui a annoncé la destitution de Morsi, le général Abdelfattah Al Sissi, s'est offert, en plus du ministère de la Défense, un poste de vice-président. Un signe que les militaires garderont encore et pour longtemps peut-être le pouvoir en Egypte. Pour les partisans d'une vraie démocratie en Egypte, c'est assurément une mauvaise nouvelle même si certains pourraient rétorquer que la situation y est délicate. On retiendra aussi dans l'équipe de Hazem Beblawi, composée de 30 ministres dont trois femmes, la nomination de Nabil Fahmy, ancien ambassadeur à Washington, aux Affaires étrangères, ou encore celle d'Ahmad Galal, un économiste qui a travaillé pour la Banque mondiale, aux Finances. Deux personnalités qui disposent de bons carnets d'adresses à… Washington. En visite au Caire, le secrétaire d'Etat adjoint William Burns avait clairement appelé à une période de transition pour élire un nouveau président. C'est dire qu'aux yeux des Américains, la messe est dite pour Morsi et ses ouailles. Quoi qu'il en soit, l'ensemble des ministres a prêté hier serment devant le président intérimaire Adly Mansour, lors d'une cérémonie retransmise à la télévision publique. Ce dernier pourra compter sur l'apport du prix Nobel de la paix et figure de l'opposition, Mohamed El Baradei, qui a été nommé vice-président chargé des Relations internationales.Cette prestation de serment du gouvernement post-coup d'Etat sent la volonté du nouveau régime d'amorcer la transition politique et imposer un fait accompli aux Frères musulmans qui «rêvent» de réinstaller Morsi à la présidence. Fait accompli C'est à ce titre qu'ils ont décliné l'offre de Hazem Beblawi de participer dans son cabinet, dans son effort de «réconciliation nationale». Et pour cause, les autorités ont déclenché une chasse contre les figures de proue des Frères musulmans, dont le guide suprême, Mohamed Badie. Sur le terrain, la situation n'est guère meilleure. Sept personnes ont été tuées et plus de 260 autres blessées dans la nuit de lundi à mardi, en marge de nouvelles manifestations des partisans de M. Morsi qui occupent depuis deux semaines les abords de la mosquée Rabaa Al Adawiya, dans le faubourg de Nasr City. Plus de 400 personnes ont été interpellées lors de ces affrontements, les premiers dans la capitale depuis ceux qui avaient fait 53 morts le 8 juillet devant la Garde républicaine, selon les services de sécurité. Les Etats-Unis, qui soutiennent pourtant le nouveau régime, ont condamné «fermement» hier ces rafles et ces violences. «Nous condamnons fermement les violences ainsi que les incitations à la violence», a déclaré hier un porte-parole du département d'Etat. Pour Washington «la violence rend la transition bien plus difficile et menace davantage la stabilité et la prospérité de l'Egypte», a affirmé M. Ventrell. Ces heurts sont intervenus durant la première visite au Caire du secrétaire d'Etat adjoint, William Burns, qui s'était entretenu avec les nouveaux maîtres d'Egypte que sont le Premier ministre Hazem Beblawi, le président Adly Mansour et le vice- président et ministre de la Défense, le général Abdelfattah Al Sissi. William Burns aurait aussi discuté «par téléphone» avec un représentant des Frères musulmans, selon M. Ventrell, sans trop préciser l'identité de cet interlocuteur.