Comment apprendre, subitement, à parler de toi à l'imparfait ? La nouvelle de ta mort nous a laissés, nous tes collègues et amis, si désemparés, si pantois tant tu semblais inébranlable dans ta détermination et ta force à dompter toutes les maladies du monde. Que dire alors de ta famille ! Est-il possible de faire un bout de chemin avec un tel homme et devoir y renoncer sans ménagement ni préambule ? Tu as quitté, nous a-t-on dit, ce monde dans la joie et la paix, comme tu as vécu, avec ton âme belle et pure d'éternel enfant. Tout le monde en atteste, tous ont accouru en force pour te rendre un dernier hommage, ta famille, tes collègues, tes amis artistes et médecins… Une foule impressionnante était présente, hier, au cimetière de Zouaghi, où désormais repose ta dépouille mortelle. Le PDG d'El Watan, Omar Belhouchet, présent hier aux funérailles, nous livre ses impressions profondément attristées sur cet homme qui eut la chance d'être si aimé : «Je retiens de lui l'image d'un homme plein de vie, un homme qui avait un regard sur les faibles et les plus démunis, qui avait le don de soi et du courage face à ses maux. Il a laissé un grand vide. Je pense à sa famille, ses enfants, son épouse, son frère…» Pour Abdelwahab Boumaza, responsable des bureaux d'El Watan à l'Est, «c'était un ami très cher avant d'être un collègue avec qui on peut travailler mille ans sans la moindre anicroche». Inconsolable, son jeune ami et collègue d'El Watan, Lamine Benzaoui, nous en parle avec une incoercible émotion : «C'était l'ami intime de mon père, que j'ai perdu alors que je n'avais que 5 ans. Avec Ahmed, je sais maintenant comment on peut enterrer un père. Il m'a appris le courage face aux difficultés de la vie, c'était un homme entier et pur, il aimait tout le monde.» Et d'ajouter avec une émotion contagieuse : «Regardez, même le ciel de Constantine le pleure ; la pluie n'a pas cessé de tomber depuis que sa dépouille est arrivée de Tunisie !» Un autre confrère de l'APS, Abdelhak Mebarki, reconnaît en lui «une bonne plume, un homme de culture, un éducateur hors pair, issu d'une belle famille de sportifs. Ahmed ne nous dira plus d'une voix tonitruante : ‘Je ne veux pas être ménagé, qui vous a dit que je suis fatigué ? Je veux continuer à écrire jusqu'au bout'… Il n'avait pas son pareil pour consoler, arracher un sourire ou même provoquer un fou rire. Sa devise était celle d'Horace : Carpe Diem.» Pour rappel, Ahmed Boussaïd, ancien cadre sportif, a collaboré avec plusieurs journaux avant de rejoindre El Watan en 2002. Il est décédé vendredi matin d'un arrêt cardiaque à Sousse (Tunisie), où il passait ses vacances en famille. Repose en paix l'ami.