Depuis samedi, les marins pêcheurs de Chetaïbi ne décolèrent pas. Leur mouvement de grève, provoqué par la tentative d'un armateur d'accaparer plusieurs postes à quai, illustre le mécontentement de la population de cette commune chef-lieu de daïra. S'estimant être traités comme des citoyens de seconde zone, les habitants, en majorité des pêcheurs, reprochent aux autorités locales de multiplier les tracasseries administratives et aux gros armateurs de vouloir contrôler l'activité de la pêche la plus lucrative de la région. Ce mouvement ne serait que péripétie si la toile de fond sociale de cette région enclavée n'était pas le chômage qui touche 90% de la population. « Nous n'avons rien contre cet armateur. S'il a l'intention d'investir qu'il ne le fasse pas sur notre dos. C'est apparemment son intention au vu des 4 chalutiers qu'il a ramenés et de sa volonté de nous déposséder des postes à quai que nos petits métiers occupent depuis des décennies. Nous ne nous laisserons pas faire », clament les représentants de la centaine de marins pêcheurs regroupés ce dimanche sur le quai de Chetaïbi. Interpellé, le wali de Annaba en visite de travail et d'inspection dans le cadre de la préparation estivale, a pris en charge leurs revendications. Ainsi, il a réussi à apaiser la colère des hommes de la mer de cette localité que les spécialistes internationaux du tourisme ont qualifiée la plus belle baie du monde. Très poissonneuse, la mer à Chetaïbi attise de nombreuses convoitises, mais rarement des investisseurs. Le projet de réalisation d'un releveur de barques, prévu pour être concrétisé au début des années 1990, a été depuis abandonné. A Chetaïbi, il n'existe pas de chambre frigorifique et encore moins d'unité de conditionnement. La ville est dotée d'un site paradisiaque où la montagne et la mer se côtoient, riche d'une corniche au sable d'or qui s'étend sur plusieurs kilomètres, d'une infrastructure routière de récente réalisation, son développement économique et social est néanmoins handicapé par l'absence de l'eau potable. Un handicap auquel les autorités locales tentent de remédier par la mise en place d'une conduite raccordée au réseau de Berrahal.