Depuis ce samedi, plusieurs pêcheurs ont décidé de ne pas lever l'ancre de leur embarcation. Sans déclarer être en grève, ils ont cependant mis à exécution la menace qu'ils avaient exprimée lors du séminaire régional organisé à Annaba début décembre 2006. En ligne de mire, le rejet des nouvelles dispositions émises par le ministère de la pêche, les participants avaient unanimement décidé de leur rejet. « La protection des ressources est une bonne chose, mais elle ne doit pas être réalisée sur le dos des plus faibles parmi les animateurs des activités de la mer », se plaisent à répéter les marins pêcheurs. Il n'y a plus de distinction entre armateur et les marins pêcheurs dans ce qui s'apparente à un front du refus. Le mouvement a pris une dimension telle, que chacun vilipende le ministère. On se pose des questions sur la tentative de certains de vouloir harmoniser les exigences contradictoires des pêcheurs qui n'arrivent plus à arrondir leurs fins de mois et celles du ministère qui veut développer l'activité. Chacun des acteurs de la pêche tire à tout hasard sur l'autre. Ces nouvelles dispositions applicables depuis le début de cette année sont qualifiées de bouillabaisse propre à mécontenter tout le monde. Les experts jurent que les bancs de poissons sur les côtes algériennes s'épuisent. « Les initiateurs de mesures aussi brutales ne les auraient certainement pas prises s'ils vivaient au contact des principaux acteurs des activités de la mer. Dans leur approche, ils n'ont même pas tenu compte des conséquences socioéconomiques », reconnaît Abdelkader L., patron pêcheur. Pour le moment, les pêcheurs de Annaba ne parlent plus de l'acquisition d'un bateau laboratoire, de balises électroniques pour la détection de bancs et l'identification du type de poisson, et de la formation. Ils ne veulent par contre pas entendre parler d'autorisation de pêche, de contrat patron/marin pêcheur et de brevet de pêche et d'établissement de rôle à 60 000 dinars au lieu des 4000, prix initialement appliqué, tels qu'avancés dans les nouvelles dispositions. Ils évitent pour le moment de soulever le problème de ces pêcheurs, armateurs et patrons pêcheurs qui pêchent dans les zones interdites avec des filets à maille de 9 au lieu des 40. Ils n'ont pas raté l'occasion de tirer à boulets rouges sur les gardes-côtes qu'ils accusent d'appliquer la politique des deux poids deux mesures. « Nos garde-côtes ferment l'œil sur les gros armateurs qui font ce qu'ils veulent en mer et dans les ports. Ils ne ratent par contre pas les petits pêcheurs qui, quotidiennement, sont leur cible. Ils refusent aussi de voir que de petites embarcations pélagiques ont été transformées en chalutiers », explique Abdelhamid N., patron de sardinier. C'est dire que dans le secteur de la pêche à Annaba, le désordre est total. Durant ces 3 derniers jours, que ce soit sur le port de la grenouillère ou ailleurs chez les poissonniers, il n'y a pas un seul poisson. D'où la ruée des consommateurs sur le poisson congelé lors de l'aïd el adha.